La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) reste davantage une pathologie de spécialité que de médecine générale du fait de l'accès direct à l'ophtalmologiste mais les généralistes ont un rôle crucial dans le dépistage et le suivi après traitement.
Première cause de malvoyance en France avec un million de sujets concernés, pourtant, « devant des troubles de la vision chez un sujet âgé, je pense plus à la cataracte qu'à la DMLA » reconnaît le Dr Jean-Michel Abib, médecin généraliste à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Pour lui, cette pathologie ophtalmologique reste du ressort de médecin spécialiste car, avec l'accès direct pour cette spécialité, « les patients consultent directement un ophtalmologiste ». Il estime aussi ne pas bénéficier d'informations suffisantes sur les dernières avancées thérapeutiques de cette pathologie pour conseiller utilement ses patients. Beaucoup de médecins généralistes estiment encore qu’il s'agit d'une maladie liée à l'âge pour laquelle il existe peu de traitements efficaces en dépit des résultats spectaculaires des injections intravitréennes dans les formes humides. D’autre part, le diagnostic précoce de DMLA, mené par l'intermédiaire d'examens ophtalmologiques (grille d'Amsler, fond d'œil, angiographie rétinienne), permet de conseiller les patients sur des traitements (laser, rééducation, ergothérapie…) susceptibles de ralentir l'évolution du handicap de cette pathologie visuelle.
Le dépistage et le suivi par le médecin traitant
« Pour moi, la consultation ophtalmologique a pour intérêt la prescription de séances d'orthoptie pour une rééducation basse vision par l'ophtalmologiste » témoigne le Dr Marie-Anne Puel, médecin généraliste à Paris et généraliste-enseignante. Il existe aujourd'hui plus de deux cents centres spécialisés dans ce type de soins avec une étroite collaboration entre ophtalmologistes et orthoptistes. La forme humide de la DMLA bénéficie aussi depuis quelques années de nouveaux traitements spectaculaires agissant directement sur le développement des vaisseaux anormaux (thérapie photodynamique, injection intravitréenne d’un inhibiteur du facteur de croissance de l’endothélium vasculaire). Mais avec la pénurie d'ophtalmologistes dans certaines régions de France, les médecins généralistes pourraient bientôt retrouver une place de choix dans le dépistage et le suivi après traitement de cette pathologie.