Depuis les années 60, les Espagnols cotisent tous à la Sécurité Sociale pour avoir accès au Système public de Santé. Tous ? Pas vraiment, puisque près de 2,5 millions d’entre eux, ceux qui sont fonctionnaires de l’État central (et non des gouvernements régionaux) – c’est-à-dire les policiers, les enseignants (du primaire à l’université) les employés de la Poste et des services de Météorologie, ceux des aéroports, chargés notamment du contrôle aérien, les agents des Douanes, le personnel de la Justice et les militaires – dépendent, grâce à des cotisations spéciales, de 3 « mutuelles administratives » : MUFACE, MUGEJU (pour les fonctionnaires de Justice) et ISFAS (pour les militaires).
Héritage de la dictature franquiste, époque où le pouvoir ne voulait pas se mettre à dos les secteurs de la population qui lui étaient les plus utiles, ces mutuelles, qui présentent le paradoxe de bénéficier d’une enveloppe dans le budget de l’État tout en utilisant le plus souvent les services de cliniques privées, se sont maintenues jusqu’à aujourd’hui. Une offre de soins plus étendue que celle de la Sécurité Sociale et des délais d’intervention écourtés assurent la popularité de ce modèle auprès d'un nombre réduit de mutualistes. Ils font un peu figure de privilégiés, face à la massification progressive et au manque d’investissements dans le système public de la part des gouvernements régionaux, compétents dans ce domaine.