La problématique de la tuberculose multirésistante va se faire de plus en plus pressante dans les années à venir, en particulier en Russie, aux Philippines, en Inde et en Afrique du Sud. Des stratégies thérapeutiques nouvelles sont plus que jamais nécessaires. Un traitement à base de linézolide - un antibiotique de synthèse - est une possibilité mais elle comporte des effets secondaires sérieux. Au cours du congrès de la société mondiale du sida (IAS), la Dr Francesca Conradie de l'université de Witwatersrand, à Johannesburg, a présenté des résultats encourageants de l'essai ZeNix, expérimentant une stratégie alternative.
Dans un précédent essai, appelé Nix-TB et mené par le même groupe de recherche composé de chercheurs anglais, sud-africains et américains, les patients atteints de tuberculose multirésistante se voyaient proposer une association de 1 200 mg de linézolide, de bédaquiline et de prétomanide. Au bout de 24 semaines, 89 % des patients étaient durablement guéris mais au prix d'un fort taux d'effets indésirables liés au linézolide.
Réduire l'exposition au linézolide
C'est dans la foulée de ces résultats que l'essai ZeNix a été entrepris. Le but : tester une stratégie visant à réduire le niveau d'exposition au linézolide. Les investigateurs ont recruté 181 patients (dont un cinquième était coïnfecté par le VIH) en Afrique du Sud, Russie, Géorgie et Moldavie. Le régime proposé consiste en six mois de traitement par bédaquiline et prétomanide, mais avec cette fois différents dosages de linézolide selon le groupe auquel le patient était attribué : 1 200 mg pendant 6 mois ; 1 200 mg pendant 2 mois ; 600 mg pendant 6 mois ou 600 mg pendant 2 mois. La charge bactérienne a été mesurée dans les crachats toutes les semaines pendant les 8 premières semaines, puis toutes les 2 à 4 semaines.
Sans grande surprise, les patients ayant reçu les plus fortes doses de linézolide sont aussi ceux où les prévalences de neuropathie périphérique, de dépression médullaire et d'anémie sont les plus fortes : de 38 % pour ceux recevant 1 200 mg pendant 6 mois à 7 % chez ceux recevant 600 mg pendant 2 mois. Pour autant, les taux de succès sérologique étaient très élevés dans tous les groupes de traitement : 93 % chez les patients traités 6 mois avec 1 200 mg, 89 % chez ceux traités 2 mois avec 1 200 mg, 91 % chez ceux traités 6 mois avec 600 mg et 84 % chez les patients recevant 600 mg pendant 2 mois.
Pour les auteurs, il est donc possible de traiter efficacement les patients atteints de tuberculose multirésistante tout en les exposant à des doses réduites de linézolide.