« Un monde plus grand »
La transe chamanique. La femme dévastée par la mort de son grand amour qui se retrouve pour des raisons professionnelles en Mongolie (enregistrer des chants traditionnels) ne croit pas aux esprits. La transe la saisit malgré elle.
L'histoire d'« Un monde plus grand » n'est pas sortie de l'imagination de Fabienne Berthaud (« Frankie » et « Sky », avec Diane Kruger, « Pieds nus sur les limaces » d'après son propre roman). C'est celle de Corine Sombrun, qui a vécu une expérience de transe alors qu'elle était en reportage en Mongolie pour la radio BBC World Service. Elle s'est ensuite formée aux rituels et techniques de transe. Elle collabore aujourd'hui avec des neuroscientifiques qui travaillent sur les états modifiés de conscience et d'éventuelles applications thérapeutiques, comme le Pr Steven Laureys au CHU de Liège. Elle le raconte dans « Mon initiation chez les chamanes », livre publié en 2004 et qui reparaît chez Pocket avec une postface sur les avancées scientifiques autour de la transe.
Pour revenir au film, Fabienne Berthaud s'est donné une certaine liberté d'adaptation, pour l'aspect romanesque, mais n'a pas négligé le réalisme documentaire. L'équipe a donc vécu une vraie aventure en tournant dans des conditions plus que spartiates dans une région reculée de Mongolie, au milieu des Tsaatans, les éleveurs de rennes. Le contraste avec Paris est saisissant.
Cécile de France, « avide d'expériences », n'a pas eu peur du sujet, témoigne la réalisatrice. Simuler une transe, même avec les conseils de Corine Sombrun, n'a pas dû être une mince affaire. « Un monde plus grand » ne répond pas aux innombrables questions qu'on peut se poser sur le sujet mais il ouvre des horizons, au sens figuré comme au sens propre, quand il s'agit de la beauté des paysages de Mongolie.
« Le Traître »
Il y a de la violence dans « le Traître », comment faire autrement quand on parle de la Mafia ? Mais filmer des tortures ou des assassinats, aussi épouvantables et sanglants soient-ils, n'est pas bien sûr la motivation principale de Marco Bellocchio. Ce qui l'intéresse, comme l'ont déjà montré nombre de ses films, c'est l'histoire de son pays et les trajectoires des individus face à des institutions et des pouvoirs plus ou moins corrompus.
Ainsi Tommaso Buscetta. Comme d'autres jeunes de familles pauvres de Palerme, il est entré au service de Cosa Nostra, et il a rapidement progressé dans la hiérarchie. Mais la Mafia sicilienne est divisée, les Corleone tentant de prendre le dessus, et les tueries se multiplient, n'épargnant plus femmes et enfants. Quelques épisodes dramatiques plus tard, Buscetta, qui a fui au Brésil, est arrêté et extradé. C'est ainsi qu'il se retrouve face au juge Falcone, auquel il donnera des informations permettant d'arrêter et de condamner des centaines de mafieux. Qu'est-ce qui le pousse à collaborer ? Bellocchio et son excellent acteur principal, Pierfrancesco Favino, se gardent de donner une réponse univoque.
Si le récit, avec ses nombreuses péripéties, est centré sur Buscetta, Marco Bellocchio est au meilleur dans la mise en scène du « maxi procès de Palerme », donnant visage et voix à ses dizaines de protagonistes. La musique, de Verdi à quelques chansons populaires, apporte du lyrisme à un film qui donne à ressentir et à mieux comprendre l'un des drames de l'Italie contemporaine.
Et aussi
« Debout sur la montagne », le 7e long métrage de Sébastien Betbeder, nous emmène dans « un lieu isolé du tumulte de l'époque », à savoir un village isolé de l'Oisans, pour se poser une ambitieuse et banale question : « Est-il possible de retrouver la joie et l'innocence de l'enfance ? » Peut-être, suggère cette comédie pleine de drames, en s'éloignant de la violence contemporaine (attentats, précarité, maladies psychiques) et de la ville, en conservant l'esprit d'une vie en communauté proche de la nature. Elle met en scène trois inséparables amis d'enfance (Bastien Bouillon, Izïa Higelin et William Lebghil), un peu abîmés, qui se retrouvent dans leur village quatorze ans après l'avoir quitté. Dommage que comme eux, le film manque un peu de souffle.
Dans « Mon chien stupide », Yvan Attal, adaptant le roman de John Fante, joue un écrivain en crise qui adopte un gros chien, ce qui aura des conséquences pour sa femme qui s'ennuie (Charlotte Gainsbourg) et ses grands enfants.
« Docteur Sleep » est la suite de « Shining », écrite par Stephen King 35 ans après, où l'on retrouve l'enfant de l'hôtel tragique, devenu adulte et alcoolique mais toujours doué de pouvoirs extrasensoriels. Cette fois, c'est avec Ewan McGregor qu'on a peur. Peur aussi, mais pour rire, avec « Retour à Zombieland », avec Woody Harrelson et Jesse Eisenberg.