La prévalence de l'obésité au Royaume-Uni a triplé entre 1975 et 2016. Estimée à 28 % de la population, elle est plus élevée que dans d'autres pays, avec une répartition inégale puisqu'elle est nettement plus importante dans le nord du pays et chez les populations défavorisées. Les programmes de santé publique ont ciblé les boissons sucrées qui contribuent moins fortement aux apports en sucres rapides que les collations sucrées (les biscuits, gâteaux, chocolats et bonbons). En effet, elles représentent 2 % de l'énergie totale et 11 % de la consommation en sucres rapides versus 12 % et 26 % respectivement pour les snacks sucrés. Par ailleurs, si l'industrie alimentaire a été incitée à reformuler ses produits pour réduire leur teneur en sucre, celle-ci a été réellement diminuée dans les boissons mais très peu dans les aliments.
8900 calories par an
Cette étude anglaise de modélisation s'est faite à partir d'une simulation mathématique « basée sur les données d'achat de nourriture pour 36 324 ménages britanniques et sur les données de l'Enquête nationale sur l'alimentation et la nutrition pour 2 544 adultes. Les résultats ont été regroupés selon le revenu du ménage et l'indice de masse corporelle (IMC) afin d'estimer l'évolution du poids et de la prévalence de l'obésité sur un an. » Les résultats sont éloquents.
Cette augmentation réduirait la consommation de snacks entrainant une réduction de 8900 calories par an soit une perte de 1,3 kg par personne et par an.
Réduction des inégalités
« On estime que l'obésité affecte environ 1 adulte sur 4 et environ 1 enfant sur 5 âgé de 10 à 11 ans, les taux étant plus élevés parmi ceux vivant dans des zones plus défavorisées », précise les chercheurs. Cette nette différence entre les régions pauvres avec plus d'obèses que les régions plus riches, illustre bien les inégalités de santé. L'augmentation du prix de ces produits entraînerait ainsi une réduction de leur consommation, et donc de la prévalence de l'obésité et par voie de conséquence une réduction des inégalités de santé induites par les maladies liées à l'alimentation.
Cependant, les commentaires de cette étude sont prudents. En effet, personne ne peut savoir comment les consommateurs vont réagir. Ils peuvent réduire leur consommation ou se tourner vers d'autres produits. Car taxer un produit sucré ne signifie pas forcément que le consommateur choisira un fruit, par exemple et aucune politique fiscale ne pourra obliger une personne à manger plus « sain ». « Les politiques fiscales visant à réduire la consommation de sucre, de sel et de graisses saturées (...) ne permettent pas de stimuler la consommation d'aliments sains ».
Un report vers les jus de fruit
En France, un rapport parlementaire (2), a étudié les résultats de la taxe soda. La mise en place de l’augmentation du prix des sodas a fait diminuer les ventes et a surtout a permis de rompre « la dynamique de croissance observée les années précédentes. ». Ce rapport précise également que les foyers français auraient « baissé en moyenne leur consommation de 3 calories par jour. » Mais les consommateurs se sont tournés vers des jus de fruits et des nectars. Le rapport mentionne, en effet, « un report maximal de 15 % de la consommation de sodas sur les jus de fruits et nectars ». Un bref comparatif montre qu’un verre de jus d’orange pur jus contient entre 5 et 12 g de sucre, selon la marque et un verre de coca-cola environ 7,27 g de sucre (3)…
1) P F D Scheelbeek et Laura Cornelsen, BMJ 2019;366:l4786, http://dx.doi.org/10.1136/bmj.l4786
(2) http://www.senat.fr/rap/r13-399/r13-3997.html
(3) https://ciqual.anses.fr/