Selon une étude menée par des équipes de l’université de Californie à San Francisco, il est possible de reprogrammer le système immunitaire d’une personne vivant avec le VIH de manière à contrôler durablement la charge virale sans traitement, voire à la rendre indétectable. Les chercheurs ont obtenu cette première preuve de concept sur un groupe de 10 patients à qui une association d’immunothérapies en cours de développement a été proposée.
Tous les participants sélectionnés avaient bénéficié d’un traitement antirétroviral très peu de temps après leur infection par le VIH. Les investigateurs voulaient ainsi s’assurer que leur système immunitaire n’ait pas connu d’altérations induites par une période d’infection non contrôlée. Dans un premier temps, un vaccin thérapeutique leur a été administré, afin de sélectionner et amplifier des lymphocytes T dirigés contre le VIH. Il s’agit d’un vaccin à ADN en cours de développement : le p24 DNA prime, adjuvanté par de l’interleukine 12 pour en améliorer l’effet. Des rappels sont prévus 12 semaines plus tard. Puis, un autre vaccin expérimental, le MVA62B (dont le vecteur viral est le virus modifié de la vaccine Ankara), est à son tour injecté au bout de 20 semaines.
Une charge virale faible chez plus de la moitié des participants à l’arrêt des antirétroviraux
À l’issue de ce schéma vaccinal complexe, les participants ont reçu successivement une dose unique de deux anticorps monoclonaux à large spectre : l’un (VRC07-523LS) qui cible le site de liaison CD4 et l’autre (appelé 10-1074) la boucle V3, une région cruciale de la protéine gp120 de l'enveloppe du VIH. Le protocole prévoyait également 10 doses de léfitolimod, un agoniste du TLR9. Enfin, une dernière dose des deux anticorps monoclonaux a été injectée 34 semaines après l’entrée dans l’étude. C’est seulement au sortir de ce très complexe schéma thérapeutique que les participants ont été autorisés à interrompre leur traitement antirétroviral.
Selon les résultats publiés dans Nature, la majorité des patients « présentent des signes évidents de contrôle de leur infection par le VIH, ce qui est, selon nous, une observation sans précédent », écrit le Dr Steven Deeks, membre du département du VIH, des maladies infectieuses et de médecine globale de l’hôpital général Zuckerberg à San Francisco, et codirecteur de l’étude. « Nous sommes enfin en train de faire de réels progrès dans le développement d’un traitement permettant à des millions de patients d’être en bonne santé sans devoir prendre des médicaments toute leur vie », se réjouit-il.
Au cours des 86 semaines de suivi (un peu plus d’un an et demi), seulement trois des dix patients ont connu un rebond rapide de leur charge virale, six autres avaient une charge virale détectable, mais qui restait faible est stable sans traitement antirétroviral. Enfin, un dernier patient n’avait pas de charge virale détectable du tout. Les chercheurs ont ensuite analysé la nature de la réponse immunitaire des patients contrôlant leur infection et ont identifié une population de lymphocytes T capables de se multiplier à grande vitesse en présence de virus.
Le fruit d’une large coopération
Cet essai, commencé en 2015, a pour particularité de nécessiter la participation d’une douzaine de laboratoires pharmaceutiques développant les traitements utilisés. Plus de 20 millions de dollars ont été nécessaires, fournis par un partenariat de 5 ans entre l’université de San Francisco et la fondation amfAR pour recherche sur le sida. Les Instituts nationaux américains de la santé (NIH) ont également été impliqués.
Cette étude reste de petite taille et dénuée de bras contrôle, mais les investigateurs jugent néanmoins ses résultats « extrêmement encourageants ». Ils estiment que la combinaison à proposer aux patients doit être drastiquement simplifiée en vue des prochaines étapes de développement clinique.
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