Depuis le 1er juillet 2024, les conditions de prescription et délivrance des médicaments à base d’acétate de médroxyprogestérone et de médrogestone ont été renforcées, pour réduire les risques de promotion d’un méningiome. « En mars 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié de nouvelles recommandations, au regard des résultats de l’étude du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare, qui se fonde sur les bases de données du système de santé (ANSM-Cnam). Il rappelle que l’utilisation prolongée désogestrel, un progestatif contenu dans les pilules Optimizette et Cérazette, est associée à une très faible augmentation de risque de méningiome chez les femmes de plus de 45 ans, relève le Dr Geoffroy Robin (CHU de Lille), secrétaire général pour la gynécologie médicale du CNGOF. En pratique, il s’agit surtout d’une pilule prescrite après l’accouchement, chez les femmes qui allaitent et sur de courtes périodes, ce qui ne pose donc pas de problème pour ces patientes. »
Peu d’utilisatrices concernées
« Il nous faut discuter avec les femmes de plus de 45 ans, en particulier celles qui prennent cette pilule depuis plus de cinq ans : soit une alternative peut leur être proposée pour assurer leur contraception en attendant l’arrivée de la ménopause, soit elles préfèrent garder leur pilule. Dans ce cas, il leur est proposé de passer une IRM cérébrale. S’il n’y a pas de méningiome, le risque est extrêmement faible, car les progestatifs ont surtout un effet promoteur sur un méningiome déjà existant », souligne le Dr Robin.
En réalité, cela concerne peu de femmes car la tendance, après 45 ans, est plutôt au stérilet. « Le problème est plutôt que l’information de l’ANSM n’est pas forcément bien comprise par le grand public. Elle génère de l’anxiété. Il faut donc bien rappeler aux patientes quelle tranche d’âge est concernée (plus de 45 ans) et dans quelles conditions (prise prolongée) », poursuit le Dr Robin.
Une alerte étendue
L’ANSM note également qu’il est hautement probable que la très faible augmentation du risque de méningiome, observée avec le désogestrel 75 µg, concerne également les pilules combinées à base de désogestrel 150 µg/éthinylestradiol, car elles sont doublement dosées en désogestrel, ainsi que l’implant contraceptif à l’étonorgestrel (Nexplanon), qui contient un dérivé actif du désogestrel. Bien que le risque de méningiome associé à ces deux contraceptifs n’ait pas pu être étudié dans l’étude Epi-Phare, l’ANSM a ainsi étendu ses recommandations, émises pour le désogestrel 75 µg, aux pilules combinées à base de désogestrel 150 µg, et à l’implant contraceptif Nexplanon.
On ne peut pas promouvoir une contraception qu’on sait inefficace
Dr Geoffroy Robin
Mauvais calcul de l’ASNM
Dans l’étude Epi-Phare, il n’a pas été trouvé de lien entre la pilule Microval, à base de lévonorgestrel et la promotion d’un méningiome. « Étonnamment, l’ANSM sous-entend que l’on pourrait passer du désogestrel au lévonorgestrel, en extrapolant le fait que la promotion du méningiome pourrait être liée à la molécule et non à la classe thérapeutique. Ce n’est pas prouvé, d’autant moins que la pilule Microval n’est quasi plus prescrite en France (et dans de nombreux autres pays) depuis plus de vingt ans : de quoi biaiser cette conclusion, puisqu’il faudrait un grand nombre de patientes exposées à cette contraception pour mettre en évidence une augmentation de ce risque de méningiome, très faible en valeur absolue ! En outre, si Microval n’est quasi plus prescrit, c’est pour une raison importante : en raison de son très faible dosage, elle ne bloquait pas l’ovulation, un comble pour une pilule contraceptive ! Elle était ainsi deux à trois fois moins efficace que les autres pilules (avec un délai de seulement trois heures en cas d’oubli au lieu de douze heures pour le désogestrel). Il n’est donc pas possible de laisser sous-entendre que l’on pourrait remplacer une contraception efficace, associée à un très faible risque de méningiome, uniquement avéré à ce jour chez les femmes de plus de 45 ans l’utilisant de façon prolongée, par une ancienne pilule, abandonnée en raison d’un risque de grossesse non désirée trop important et bien documenté ! s’insurge le Dr Robin. Il n’y a d’ailleurs qu’en France que le désogestrel qui suscite une telle réaction. »

Entretien avec le Dr Geoffroy Robin (Lille)
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