Suivi gynécologique de routine

Le toucher vaginal en question

Publié le 18/12/2014
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Le toucher vaginal et l’examen au speculum seraient inutiles, selon une revue de la littérature réalisée par l’American College of Physicians (ACP) et publiée en juillet dernier dans les Annals on Internal Medicine , qui souligne l’absence de bénéfices pour le dépistage des cancers pelviens ( frottis cervico-vaginal recommandé tous les 3 ans mis à part).

Comme l’a indiqué le Dr Linda Humphrey, membre de la commission des guides cliniques de l’ACP et co-auteur de ce travail, la valeur prédictive positive de l’examen pelvien pour la détection du cancer de l’ovaire a été estimée à moins de 4 % , ce qui peut d’ailleurs conduire des explorations inutiles.

Dans un éditorial associé, les Drs George Sawaya et Vanessa Jacoby, de l’université de Californie (San Francisco) estiment que le toucher vaginal a occupé une place importante dans la santé des femmes pendant de nombreuses décennies pour devenir davantage un rituel qu’un véritable examen médical basé sur des faits cliniques.

Pour le Pr Bernard Hédon, gynécologue obstétricien au CHRU de Montpellier et président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens (CNGOF), « l’étude ne nous dit rien de neuf. On sait depuis toujours que le toucher est peu efficace pour dépister le cancer de l’ovaire. C’est vrai aussi pour l’échographie, et c’est la raison pour laquelle le cancer de l’ovaire est un cancer qui ne se dépiste pas". Le fait que les femmes n’aiment pas les touchers vaginaux (l’examen pelvien serait perçu comme « gênant », «anxiogène», voire « douloureux » pour plus de 30 % des femmes selon cette revue de la littérature) n’est pas non plus une surprise.

L’examen pelvien doit être préservé en routine, estime également le Pr Fabrice Lecuru, gynécologue à l’hôpital européen Georges Pompidou, qui rappelle qu’en pratique des affections comme des kystes ovariens, qui peuvent être silencieux même lorsqu’ils sont volumineux, sont dépistés grâce à l’examen pelvien chez des patientes asymptomatiques.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9375