Comment mieux stratifier les patients à risque hépatique ? La question se pose avec insistance alors que la maladie hépatique stéatosique associée à un dysfonctionnement métabolique (MASLD) ne cesse de gagner du terrain ? Si le FIB-4 est utilisé comme test de première ligne, des experts pointent des incertitudes quant à sa pertinence. Des chercheurs du Karolinska Institutet, en Suède, proposent une alternative à ce score qu’ils estiment peu adapté à la population générale, où la prévalence de fibrose avancée est traditionnellement faible.
« Le FIB-4 a été initialement développé pour détecter la fibrose chez les patients coinfectés par le VIH et le virus de l'hépatite C », rappellent-ils dans une nouvelle étude publiée dans le BMJ. De plus, ils ajoutent que « le FIB-4 est très efficace pour dépister le niveau de fibrose à un moment donné, mais beaucoup moins pour prédire la fibrose future ». Or ces informations sont importantes pour mettre en place une prévention et une surveillance.
Une combinaison de trois marqueurs sanguins
Dans ce travail, les chercheurs ont comparé le FIB-4 à un nouveau modèle de prédiction du risque de pathologie hépatique grave, baptisé Core (pour cirrhosis outcome risk estimator), combinant l'âge, le sexe et des taux sanguins d'aspartate aminotransférase (Asat), d'alanine aminotransférase (Alat) et de gamma-glutamyl transférase (GGT).
Ce modèle a été expérimenté à partir des données d'un groupe de 480 651 patients sans antécédent connu de pathologie hépatique, puis validé sur deux autres cohortes indépendantes de 24 191 et 449 806 individus suivis pendant une médiane de 28 ans. Les risques des patients ont été mesurés avec le Core et avec le score FIB-4 lors de leur inclusion.
Le risque de Malo (critère composite de cirrhose décompensée, de carcinome hépatocellulaire, de greffe de foie et de mortalité de cause hépatique) était de 0,27 % à dix ans. L'aire sous la courbe du Core, c'est-à-dire sa capacité à discriminer les patients à risque de complication hépatique, était de 88 % contre 79 % pour le FIB-4. Quel que soit le seuil choisi, la courbe du FIB-4 était en dessous de celui du Core, indiquant sa moindre fiabilité pour identifier les patients à risque.
Un test moins onéreux
En outre, la calibration (c’est-à-dire la capacité du test à quantifier le risque individuel) était bonne dans les trois cohortes pour le Core, qui avait un net avantage sur le FIB-4. Ce test « fondé sur des biomarqueurs simples à obtenir en soins primaires était bien plus performant que le FIB-4, résument les auteurs. Il pourrait constituer un bon moyen de stratifier les patients à risque dans la population générale. »
Un dernier avantage du Core est qu'il est comparativement moins cher que le FIB-4 : 4,88 euros contre 10,57 selon une estimation des chercheurs. En pratique, la mesure des marqueurs hépatiques (Asat, Alat, GGT) peut être faite dans un unique tube là où le FIB-4 en nécessite un supplémentaire pour la numération plaquettaire.
Les chercheurs envisagent de tester Core sur des cohortes plus diversifiées, toutes les études menées jusqu'à présent ayant été effectuées en Europe de l'Ouest. Une réflexion serait utile pour fixer les seuils à utiliser, afin de concilier sensibilité, spécificité, mais aussi contexte médico-économique. De futures études pourraient comparer Core à d'autres scores de risque tels que le LiverRisk, le Safe ou le MAF.
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