PLUSIEURS travaux présentés ont clairement montré que l’insuffisance en vitamine D était fréquente au cours des pathologies rhumatismales, notamment de la polyarthrite rhumatoïde. Ainsi une étude britannique a été menée chez des patients atteints soit de polyarthrite rhumatoïde (n = 30), soit d’ostéoporose (n = 30), soit de douleurs musculaires inexpliquées (n = 30) et comparés à un groupe contrôle de patients souffrant de lombalgies chroniques (n = 90). Les polyarthritiques avaient un taux médian de vitamine de 36 nmol/l (normale 48-145 nmol/l, p = 0,045) tandis que les ostéoporotiques et les patients souffrant de douleurs musculaires avaient des taux médians de 31 nmol/l (p = 0,005 et p = 0,008 respectivement). L. Idolazzi et coll. suggèrent de plus que l’insuffisance en vitamine DDT pourrait, dans la polyarthrite rhumatoïde, être liée à l’activité de la maladie. Dans cette étude multicentrique italienne, menée chez 1 191 patients consécutifs, 55 % n’avaient pas de supplémentation vitaminique, parmi lesquels environ la moitié avait des taux inférieurs à 20 ng/ml. Ce même degré d’insuffisance en vitamine a été constaté chez un tiers des sujets recevant de la vitamine D. Dans le premier groupe, les auteurs ont de plus constaté qu’il existait une corrélation significative entre les taux de vitamine D et plusieurs indices d’activité et de handicap, même après ajustement sur le temps d’exposition solaire et l’IMC. En outre, les taux étaient plus bas chez les malades qui avaient une maladie active comparativement aux patients qui avaient atteint la rémission (en moyenne 21,8 nmol/l versus 23,6 nmol/l, p = 0,057) ; de même chez les sujets qui avant une réponse médiocre au traitement par rapport aux répondeurs (20,5 nmol/l versus 23,4 nmol/l, p = 0,020). L’examen des relations de causalité nécessite bien sûr des études longitudinales de plus grande envergure qui pourraient aussi permettre d’examiner l’impact d’une supplémentation sur l’activité de la maladie.
Mais d’autres résultats semblent déjà montrés que la normalisation des taux n’est pas si facile à obtenir. Dans un autre essai italien ayant inclus 100 patients atteints de pathologies auto-immunes inflammatoires ou non (ostéoporose, arthrose), seulement 29 % des patients qui ont reçu 800 à 1 000 UI de cholécalciférol par jour pendant 6 mois ont réussi à atteindre des taux suffisants.
Et même avec une stratégie comportant un traitement d’attaque plus intensif suivi d’une phase de maintenance, les bénéfices apparaissent s’amenuiser au fil du temps. Tel a été le constat de U.J. Haque et coll. qui ont traité des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde et ayant un taux de vitamine D considéré comme insuffisant (<30 ng/ml) pendant 8 semaines, par des doses élevées d’ergocalciférol (50 000UI/semaine). Secondairement, les patients étaient tirés au sort pour recevoir, soit un traitement d’entretien (50 000UI/ mois), soit un placebo. Au total 52 malades sur 89 avaient une insuffisance en vitamine D. Parmi les 35 qui ont fini la période de traitement intensif, 33, soit 94 %, ont bien normalisé leur taux de 25(OH)D. Cependant, les taux mesurés chez les 25 patients qui ont ensuite continué un traitement d’entretien pendant 8 semaines ont à nouveau diminué et il n’y avait alors plus que 70 % de malades ayant des valeurs normales de vitamine D. Et après les 16 semaines prévues, seulement 35 % (6 sur 17) avaient toujours des taux satisfaisants. Pour les auteurs, ces résultats semblent indiquer qu’un traitement intensif est nécessaire dans cette population et que le traitement ultérieur d’entretien nécessite vraisemblablement des posologies plus élevées.
D’après les communications de C. Kelly et coll. (Royaume-Uni), de L. Idolazzi et coll. (Italie), de P.P. Sainaghi et coll. (Italie) et de U.J. Haque (États-Unis).
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