Si la dépression ne fait pas partie du processus normal du vieillissement, vieillir s'accompagne de situations favorisant sa survenue. La solitude, l'isolement social, les conséquences de la retraite, les conflits interpersonnels, la perte d'autonomie due à certaines maladies somatiques, le décès des proches, sont, chez le sujet âgé, des facteurs de risque de dépression.
Existe-t-il une dépression spécifique du sujet âgé ? Les données de la littérature sont restées longtemps partagées ; aujourd'hui, il est admis que les caractéristiques de la dépression du sujet âgé peuvent être identiques à celles de l'adulte jeune ou d'âge moyen avec une symptomatologie typique répondant aux critères du DSM IV.
Souvent trompeuse.
Néanmoins, la dépression du sujet âgé est souvent trompeuse dans son expression. Le tableau clinique est souvent moins franc que chez le sujet plus jeune, il peut aussi être atypique et présenter certaines particularités importantes à connaître.
L'humeur dépressive peut être absente ou inapparente, du fait de l'émoussement affectif apparaissant chez certains sujets vieillissants.
La dépression peut se présenter comme une anhédonie (incapacité à ressentir les émotions), qui se traduit par une indifférence, un sentiment de vide intérieur, une vacuité douloureuse. Le sujet se plaint de fatigue, d'une impossibilité à penser, à raisonner, d'un manque de vigueur, d'une incapacité à prendre plaisir pour une quelconque activité, mais ne manifeste pas de tristesse.
Certaines formes de dépression se manifestent par des troubles caractériels : irritabilité, hostilité permanente à l'encontre de l'entourage, agressivité verbale, attitude d'opposition (refus de s'alimenter, de faire l'effort de se lever), tendance accrue à la dépendance, comportement régressif, les sujets ne sont plus capables de s'occuper d'eux-mêmes, deviennent incontinents. Le risque est le syndrome de glissement de mauvais pronostic, en particulier chez les sujets très âgés.
Dans certaines formes, les plaintes somatiques sont au premier plan, alors que les troubles psychiques sont modestes ou flous. Il s'agit le plus souvent de céphalées, de troubles gastro-intestinaux, de douleurs ostéo-articulaires et musculaires, de troubles cardio-vasculaires, de fatigue. Cette somatisation peut être le symptôme initial de la maladie. Enfin, plus fréquemment chez les patients âgés que chez les sujets jeunes, les troubles anxieux, des symptômes hypocondriaques parfois délirants peuvent dominer le tableau clinique.
Des instruments spécifiques.
L'évaluation d'une symptomatologie dépressive chez le sujet âgé passe par le recueil des antécédents, l'observation générale, l'examen psychiatrique et somatique complétés par un bilan biologique, un scanner cérébral.
L'examen psychiatrique fait appel à des instruments d'évaluation spécifiques :
– l'échelle de dépression de Hamilton (Hamilton Depression Rating Scale HDRS) ;
– l'échelle MADRS (Montgomery and Asberg Depression Rating Scale) ;
– l'échelle GDS (Geriatric Depression Scale) de Yesavage et Brink, autoquestionnaire de 30 items binaires, utilisé pour le dépistage et l'évaluation des dépressions, avec une version à 15 items et une version à 4 items développée pour le dépistage en médecine générale.
Entretien avec le Dr Anne-Sophie Rigaud (hôpital Broca, Paris).
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