Des armes pour préserver le cerveau

Comment vivre plus vieux, plus jeune

Publié le 02/10/2008
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EN 2050, ON PRÉVOIT plus de 80 000 centenaires en France, contre 20 115 en 2008. Et le nombre de « supercentenaires » (plus de 110 ans), comme les appellent les chercheurs de l'Institut national d'études démographiques (INED), ne cessera de croître. Ce «grand cadeau d'années en plus», selon l'expression du Pr Françoise Forette, directrice de la Fondation nationale de gérontologie, ne doit pas être empoisonné par des années de vie gâchées pour soi-même et son entourage. D'autant que, aujourd'hui, des moyens de lutte contre les méfaits de l'âge sur la santé existent.

En matière de vieillissement cérébral, quelques règles de vie simples aident à préserver le bon fonctionnement des neurones et à stimuler leur processus de compensation. «Il faut, tout d'abord, dépister et supprimer les “bourreaux du cerveau” qui menacent de détruire neurones et circuits neuronaux: l'hypertension artérielle, le diabète, le tabagisme, l'hypercholestérolémie, souligne le Pr Jean Mariani, neurobiologiste, professeur à l'université Pierre-et-Marie-Curie, directeur de l'unité de recherche en neurobiologie des processus adaptatifs . Un certain nombre d'études ont montré que l'hypertension artérielle inclut un facteur de risque d'apparition du déclin cognitif chez les personnes âgées, mais aussi de la maladie d'Alzheimer. En ce qui concerne les trois autres bourreaux, des études ont permis de constater que leur présence à l'âge adulte favorise le risque d'accident vasculaire cérébral.» Autre « bourreau », l'alcool consommé de manière excessive, dont les effets néfastes sur le fonctionnement du cerveau ne sont plus à prouver.

Deuxième grande règle de prévention : la pratique régulière de l'activité physique aussi longtemps que possible. «S'il est bien connu que celle-ci est favorable pour l'appareil locomoteur (ostéoporose, arthrose…) et pour le coeur, il a été récemment démontré que sa pratique au cours du vieillissement a des effets bénéfiques de prévention du déclin cognitif lié à l'âge. L'activité physique favorise le maintien des capacités d'apprentissage et de mémorisation. Il ne s'agit pas de pratiquer un sport de haut niveau. La marche régulière, deux ou trois fois par semaine, ou une gymnastique adaptée à l'état de santé, avec un peu de musculation suffisent», indique le Pr Mariani.

L'activité physique régulière d'endurance augmente, en effet, la fabrication des facteurs trophiques qui aident les neurones à mieux conserver leurs synapses, ainsi que leurs prolongements. «Ces facteurs sont neuroprotecteurs. Ils protègent du stress oxydatif. Ils permettent d'établir des synapses, de réguler l'efficacité de la transmission synaptique. Et favorisent la plasticité synaptique, essentielle dans l'apprentissage et la mémorisation. Découverte plus récente: les facteurs trophiques, grâce à l'exercice physique, stimulent la production de nouveaux neurones, en particulier au niveau de l'hippocampe (centre de la mémoire) », précise le Pr Mariani.

Dernière règle importante : pratiquer des activités intellectuelles à tout âge. «Nous devons faire fonctionner notre cerveau le plus longtemps possible. Les activités faisant appel à l'imagination, à l'anticipation, à la réaction devant l'imprévu ou la nouveauté, sont les plus utiles pour prévenir le déclin cognitif», estime le Pr Mariani.

Les « aliments du cerveau ».

De plus, certains aliments auraient une influence positive sur la structure et le fonctionnement cérébral. Comme le rappelle le Dr Jean-Marie Bourre, nutritionniste, directeur de recherche à l'INSERM, «le cerveau a besoin d'un certain nombre de substances pour se maintenir et bien vieillir: vitamines, minéraux (fer…) , oligoéléments, oméga3 et 6, acides aminés…C'est l'organe le plus riche et gras de notre corps. Nous devons donc consommer de bonnes graisses pour prévenir son vieillissement. Dans les liquidescérébraux, les oméga3 occupent une place importante. Plusieurs études ont montré que la consommation régulière d'oméga3, à travers le poisson, réduit de 40% le risque de survenue de la maladie d'Alzheimer. De même, les experts sont unanimes: on divise par deux le risque d'infarctus en mangeant du poisson deux fois par semaine, dont une fois du poisson gras (maquereau, sardine, saumon…) ».

Enfin, pour bien fonctionner et rester jeune, le cerveau a besoin d'un carburant – le glucose – et d'un comburant – l'oxygène. «Le cerveau représente 2% du poids de notre corps, mais absorbe 20% de l'énergie que nous consommons. Ces 20% de glucides représentant 50% de notre ration alimentaire. Ainsi, la moitié du morceau de pain consommé lors du petit déjeuner sert uniquement à faire fonctionner notre cerveau. De même, 20% de l'oxygène que nous respirons lui est destiné. La vascularisation cérébrale est gigantesque, elle doit être améliorée grâce à l'exercice physique», insiste le Dr Bourre.

> HÉLIA HAKIMI

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8432