L'ADIPONECTINE, protéine sécrétée par les adipocytes, fait partie des adipokines. Elle possède des propriétés anti-inflammatoires et une activité de sensibilisateur endogène à l'insuline. Contrairement aux autres adipokines, ses taux sanguins se réduisent avec l'obésité et l'hyperinsulinémie.
Virginia Kaklamani, Boris Pasche et coll. (Chicago) se sont intéressés au gène ADIPOQ, qui code l'adiponectine, et au gène ADIPOR1, qui code un de ses récepteurs : «Étant donné l'association de l'adiponectine à l'insulinorésistance et à l'IGF et l'association de l'insulinorésistance et de l'IGF au risque de cancer colo-rectal, nous avons voulu tester l'hypothèse que l'adiponectine pourrait affecter directement le risque de cancer colo-rectal.»
Deux études cas-témoins ont été réalisées, les cas étant des patients souffrant d'un cancer colo-rectal. Sur le total de 640 cas (comparés à 857 témoins), après divers ajustements pour des variables potentiellement influentes, Pasche et coll. trouvent certains SNP (Single Nucleotide Polymorphism) de ces gènes associés à un accroissement du risque de cancer colo-rectal, tandis que d'autres sont associés au contraire à une réduction du risque.
Et, plus précisément, «chez les personnes qui ont hérité un variant courant d'ADIPOQ (rs266729) , on observe une réduction de 30% du risque de cancer du côlon, comparativement aux autres». Autrement dit, un dépistage précoce du cancer du côlon pourrait être indiqué chez les personnes qui ne possèdent pas ce variant, ou chez celles qui présentent des taux anormaux d'adiponectine.
Une expression dans le tissu colique.
L'hypothèse testée par Pasche et coll. est par ailleurs confirmée par le fait que l'adiponectine et ses récepteurs sont exprimés par le tissu colique. «Le lien entre l'adiponectine et le cancer colo-rectal pourrait se faire par la voie de l'IGF.»
Pour les auteurs, cette première observation d'un lien génétique entre un variant de la protéine ADIPOQ et le risque de cancer colo-rectal suggère que le gène ADIPOQ pourrait contenir d'autres mutations susceptibles de modifier le risque. Par ailleurs, il serait intéressant de savoir également si l'on peut trouver un effet pronostique de variants de l'adiponectine.
Des études épidémiologiques ont montré une association entre l'obésité et le risque de survenue du cancer colo-rectal. Sans que l'on puisse en déduire une relation de cause à effet, ces données connaissent maintenant une première confirmation biologique.
« JAMA », 1er octobre 2008, vol. 300, n° 13, pp. 1523-1531.
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