POUR PRÉCISER le type de lien entre les rhinites allergiques ou non et l'asthme, l'équipe de l'INSERM U700 s'est attelée à une tâche impressionnante : suivre pendant 8,8 ans un total de 6 461 adultes de 20 à 44 ans qui ne présentaient pas de signes d'asthme à leur inclusion dans l'étude. Outre le diagnostic de rhinite évalué à l'interrogatoire, les réactions allergiques aux acariens, aux chats, aux pollens et aux moisissures ont été mesurées par des tests cutanés.
La cohorte a été divisée en quatre sous-groupes : les sujets témoins (exempts d'atopie et de rhinite, soit 3 163 personnes), ceux atteints d'atopie (704), de rhinite non allergique (1 217), enfin, ceux qui présentaient une rhinite sans signes d'atopie (1 377). L'incidence cumulée de l'asthme à l'issue du suivi s'est établie à 2,2 %. Globalement, chez les sujets atteints de rhinite allergique, le risque d'asthme était majoré d'un facteur 3,5 et chez ceux atteints de rhinite non allergique, la majoration du risque s'établissait à un facteur 2,7.
En étudiant plus spécifiquement les différents aéroallergènes, les chercheurs ont observé que la rhinite allergique aux acariens était particulièrement associée à l'augmentation du risque d'asthme.
La réponse à l'inflammation nasale.
Les mécanismes physiologiques expliquant l'atteinte des voies respiratoires inférieures des patients présentant une rhinite ne sont pas clairement établis. Plusieurs études ont toutefois montré qu'il existe une majoration du nombre des cellules et des médiateurs de l'inflammation dans la circulation sanguine après une inhalation d'allergènes. La réponse à l'inflammation nasale faciliterait la migration des cellules inflammatoires dans les tissus et notamment au niveau des bronches. Ainsi, la rhinite allergique n'est plus considérée comme une maladie localisée et limitée au nez, mais comme une affection impliquant l'ensemble des voies respiratoires.
Si la rhinite est un signe avant-coureur de l'asthme, alors il deviendrait licite de diagnostiquer, surveiller les patients atteints afin de limiter le risque de développement de la maladie asthmatique. D'autre part, si la relation de cause à effet est confirmée, traiter efficacement la rhinite pourrait aider à contrôler les symptômes d'asthme. On sait déjà que prendre en charge la pathologie des voies aériennes supérieures améliore le devenir des patients atteints d'hyperréactivité bronchique. En revanche, on ne sait pas si le traitement de la rhinite peut prévenir la survenue de l'asthme dans une population générale. «Seule une étude interventionnelle serait à même de conclure. Elle pose cependant de multiples problèmes éthiques, techniques et reste encore difficilement envisageable», conclut le Dr Zureik.
« Lancet », vol. 372 : 1049-57.
La place du paracétamol discutée
Une étude menée sur 206 487 enfants âgés de 6 à 7 ans, vivant dans 31 pays différents, et publiée par le « Lancet » conclut que l'utilisation de paracétamol au cours de la première année de vie, ou plus tard dans l'enfance, majore le risque d'asthme, de rhinoconjonctivite et d'eczéma.
L'équipe du Dr Richard Beasly, au nom des collaborateurs de la phase III du programme ISAAC, conclut par ailleurs que l'utilisation du paracétamol majore le risque d'asthme grave dans la population de 22 à 38 %. Mais, dans un éditorial, le Dr Graham Barr (New York) pense «que les auteurs de l'étude seront d'accord pour dire qu'une étude croisée n'est pas un modèle statistique utilisable pour modifier des décisions thérapeutiques. L'interrogatoire des parents de façon rétrospective peut avoir conduit à des réponses biaisées, en particulier chez les parents d'enfants souffrant d'asthme qui sont généralement plus enclins à être sensibilisés à leurs problèmes de santé divers».
« Lancet », vol. 372 ; 20 septembre 2008, 1011-3 et 1039-48.
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