SOIGNER un schizophrène, c'est aussi aider sa famille. «Les comportements des malades sont difficiles à gérer, avec des conséquences psychologiques néfastes pour les familles, explique Yann Hodé (2). Ces dernières s'épuisent et perdent leur capacité à aider le patient, ce qui peut conduire à l'apparition de conflits et/ou des rechutes de la maladie.» La souffrance de l'entourage doit être intégrée dans la prise en charge de la maladie, d'où la mise au point de programmes psychoéducatifs.
Il s'agit de formations structurées comprenant l'apprentissage de connaissances théoriques sur cette affection psychiatrique, des moyens de contrôle du stress et de la façon de résoudre des problèmes. Ces programmes sont typiquement une approche cognitivo-comportementale. Le plus utilisé dans le monde francophone est Profamille. Son objectif est d'améliorer avant tout la qualité de vie des familles.
«Pour mesurer son impact dans ce domaine, nous avons choisi d'explorer l'humeur dépressive qui est fréquemment retrouvée et qui contribue au fardeau psychologique de la maladie.»
Un autoquestionnaire.
L'étude a porté sur 42 participants, tous des parents de malades. Ils ont été recrutés principalement par voie de presse ou par les association des familles (Schizo- Espoir, UNAFAM) et parfois sur indication des services hospitaliers. Un autoquestionnaire évaluant la symptomatologie dépressive (Center for Epidemiologic Studies Dépression Scale : CES-d) a été administré au début et à la fin du programme. Ce dernier comprenait douze ou treize séances dont la durée cumulée est d'environ 50 heures, chaque cycle comprenant de dix à douze participants.
Tous les participants à ce travail ne présentaient pas de troubles dépressifs, même si le rique de dépression est plus élévé chez les familles de malades. L'analyse a donc été effectuée sur deux groupes. Celui ayant un score initial ou inférieur à 16 à la CES-d (groupe à humeur normale) n'a pas de changement significatif. En revanche, le groupe ayant un score initial supérieur à 16 (groupe à humeur dépressive) a une amélioration significative de son humeur.
«Ces résultats sont très encourageants, explique Yann Hodé, ils sont à l'origine d'une nouvelle version du programme Profamille pour améliorer le score de l'étude. Son objectif est de renforcer son action sur les pensées dépressiogènes et sur la gestion des émotions. Elle est expérimentée actuellement par plusieurs équipes en France, en Suisse et en Belgique.»
(1) Unité d'hospitalisation de jour 68G08, centre hospitalier de Rouffach (68).
(2) « Journal de thérapie comportementale et cognitive », 2008 (sous presse).
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