Une vaste collaboration internationale

Dix mille patients pour l'étude génétique de la SEP

Publié le 22/06/2008
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MALADIE DU JEUNE adulte, la sclérose en plaques (SEP) touche 80 000 personnes en France et sa physiopathologie est de mieux en mieux connue. Dans la SEP, la gaine de myéline qui protège les fibres du système nerveux central est progressivement détruite lors d'un processus inflammatoire, de même que l'axone qui conduit l'influx nerveux. Ce processus est dû à une action du lymphocyte qui, dans la SEP, se transforme en lymphocyte activé agressif sous l'action d'un certain nombre de facteurs, génétiques et environnementaux. Plusieurs hypothèses susceptibles d'expliquer les causes de ce dérèglement immunitaire ont été évoquées au fil du temps : infections, ensoleillement et vitamine D, tabac. Il y a un consensus scientifique établissant que la vaccination contre l'hépatite B n'est pas une cause de la SEP.

Bien que la SEP ne soit pas une maladie héréditaire, des facteurs de susceptibilité génétiques existent. Dans les années 1970, des travaux de recherche ont pointé le rôle du locus HLA (Human Leucocyt Antigen). Tout récemment, en 2007, trois publications ont mis en évidence des variants génétiques de la chaîne alpha du récepteur de l'interleukine 2 et du récepteur de l'interleukine 7 en tant que nouveaux gènes de prédisposition à la SEP. Suite à ces publications, une vaste collaboration internationale s'est mise en place afin de réunir les 10 000 patients nécessaires à la confirmation de ces travaux et à la poursuite de l'identification des gènes de prédisposition à la SEP. Cette collaboration internationale réunit des équipes américaines, australiennes et d'une dizaine de pays européens. L'INSERM y participe par l'intermédiaire du centre national de génotypage et du réseau français d'étude génétique de la SEP.

Le rôle des interleukines 2 et 7 confirmés.

Le premier article issu de cette collaboration internationale vient d'être publié dans le « Lancet Neurology », confirmant de façon certaine le rôle des voies de l'interleukine 2 et de l'interleukine 7 dans la physiopathologie de la SEP.

Il y a une dizaine d'années, seuls les corticoïdes permettaient de traiter la SEP, en agissant uniquement sur les poussées. Aujourd'hui, les avancées thérapeutiques sont réelles et il existe plusieurs traitements : les immunomodulateurs qui agissent sur la phase inflammatoire sont efficaces sur les formes rémittentes permettant de diminuer de 30 % en moyenne la fréquence des poussées et semblant réduire le handicap à moyen terme ; les immunosuppresseurs, plus « agressifs », prescrits en deuxième choix, pour une durée plus courte, dans les formes très inflammatoires ; un anticorps monoclonal humanisé, de prescription hospitalière, réservé aux formes très actives qui permet une réduction de 68 % du taux de poussées et un retard du handicap clinique.

Une trentaine de molécules sont aujourd'hui testées dans le cadre d'essais cliniques. Les deux principaux essais concernent un anticorps dirigé contre les lymphocytes responsables de l'inflammation, et une molécule empêchant le passage des lymphocytes T dans le système nerveux : le FTY 720. L'intérêt de la greffe de moelle n'est pas établi.

Le processus de remyélinisation.

Enfin, depuis une dizaine d'années, de nombreuses recherches visent à mieux comprendre le processus de remyélinisation. La réparation de la myéline survient, en effet, de manière spontanée, mais tous les patients ne sont pas égaux face à cette remyélinisation. Deux cibles sont donc à l'étude : l'une consistant à favoriser la remyélinisation spontanée en stimulant les bons facteurs et en inhibant les autres ; l'autre consiste à remyéliniser par la transplantation de cellules souches, par exemple. Les recherches actuelles, menées par plusieurs équipes françaises, étudient la meilleure cellule souche et la voie de remyélinisation la plus adaptée.

Conférence de presse de l'INSERM à laquelle participaient les Prs B. Fontaine et C. Lubetzki*.
* Le Pr Catherine Lubetzki vient de recevoir, avec Anne Baron Van Evercooren, le prix de la Fondation NRJ 2008 pour développer de nouvelles stratégies de réparation myélinique chez les patients atteints de SEP.

> Dr BRIGITTE VALLOIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8397