LES FORMES graves du diabète juvénile, qui débutent dans l'enfance ou l'adolescence, sont marquées par une absence quasiment complète de production d'insuline par les cellules bêta-pancréatiques. Des greffes de cellules d'îlots pancréatiques peuvent maintenant être réalisées avec succès. Dans les meilleurs cas, explique le Dr José Oberholzer (auteur principal de l'étude et directeur de la « Cell and Pancreas Transplantation » à l'UIC), cela permet aux patients de se libérer des injections d'insuline et de mener une vie normale.
Mais cette technique souffre d'une limitation du nombre des greffons disponibles. Il est nécessaire de recourir à plusieurs donneurs pour avoir un nombre suffisant de cellules pour remplacer la fonction pancréatique d'une seule personne.
Le protocole d'Edmonton.
La transplantation d'îlots pancréatiques est réalisée avec le protocole d'Edmonton, développé à l'université d'Alberta (Canada) par le Dr Shapiro. Il comporte une combinaison de deux immunosuppresseurs et d'un anticorps monoclonal (daclizumab). «Ce protocole a permis d'obtenir de façon reproductible, après deux à quatre transplantations d'îlots pancréatiques, le sevrage des injections d'insuline chez les patients.»
«Le succès du protocole d'Edmonton a permis d'amener la transplantation d'îlots au rang de traitement réaliste chez des diabétiques de type1 ne pouvant pas être équilibrés par les méthodes classiques d'insulinothérapie.»
À l'université de l'Illinois, J. Oberholzer et coll. s'efforcent d'améliorer les résultats. Ils se sont intéressés à un produit qui a obtenu une AMM dans le diabète de type 2, l'exénatide. Il s'agit du premier représentant de la classe thérapeutique des incrétino-mimétiques. C'est un produit de synthèse, initialement isolé dans la salive d'un lézard. L'exénatide présente plusieurs effets identiques à ceux d'une hormone humaine, l'incrétine, peptide de type glucagon 1, sécrétée en réponse à l'ingestion d'aliments, avec de multiples effets sur les organes (intestin, foie, pancréas et cerveau) qui travaillent de concert pour réguler la glycémie. L'exénatide est donc utilisé chez des patients qui produisent encore leur insuline.
L'exénatide ainsi que de l'étanercept.
Oberholzer et coll. ont ajouté au protocole classique d'Edmonton de l'exénatide ainsi que de l'étanercept (développé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde). Puis ils ont réalisé une allogreffe de cellules d'îlots chez six patients consécutifs. Ils ont obtenu un résultat très satisfaisant : chez tous les patients l'insuline a pu être arrêtée après une seule greffe.
De plus, «au lieu de transplanter 1,5million de cellules d'îlots, provenant de deux ou trois organes, comme c'est habituellement réalisé avec le protocole d'Edmonton, nous avons obtenu une insulino-indépendance en transplantant moins de 500000cellules».
Toutefois, «nous espérions que ce médicament permettrait l'augmentation de la masse ou de la fonction des cellules productrices d'insuline à long terme, poursuit le chercheur. Cela n'a malheureusement pas été confirmé». Deux des six patients ont eu besoin d'une nouvelle transplantation pour maintenir le bon fonctionnement des îlots et ont dû être traités à nouveau par insuline.
Une étude multicentrique aux États-Unis.
Oberholzer et coll. concluent à des résultats préliminaires ne permettant pas de tirer de conclusion définitive, mais suffisamment intéressants pour mériter d'être poursuivis. Ce que les National Institutes of Health ont entrepris, en sponsorisant une étude multicentrique aux États-Unis. La « Clinical Islet Transplantation Trial » est mise en place pour poursuivre le développement des protocoles de transplantation d'îlots dans le diabète de type 1.
Des patients souffrant de cette forme de diabète et qui ont reçu une greffe du rein avec succès peuvent représenter d'excellents candidats à la transplantation d'îlots.
Le but de cette nouvelle étude est d'améliorer les méthodes d'isolement des îlots, tout comme les techniques utilisées pour les greffer, ainsi que de développer de nouvelles approches pour réduire les effets toxiques des médicaments immunosuppresseurs utilisés dans ce cadre.
« American Journal of Transplantation », juin 2008.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature