LE RÉGIME alimentaire de type méditerranéen, également parfois nommé régime crétois, consiste en une alimentation riche en végétaux, légumes, fruits, oléagineux, céréales, huile d'olive, avec un peu de vin, un peu de poisson et relativement peu de viande. Une telle alimentation confère une protection cardio-vasculaire bien établie. Cette protection s'explique par la richesse du bol alimentaire en fibres et en graisses végétales, une ingestion d'alcool en quantités modérées et une consommation faible d'acides gras trans. Par ailleurs, la consommation d'huile d'olive, utilisée pour les assaisonnements et la cuisson des aliments, permet d'augmenter le rapport entre les acides gras mono-insaturés et les graisses saturées, dont la responsabilité dans l'athérosclérose est reconnue, tout comme celle du cholestérol. Un tel régime améliore le profil lipidique et le contrôle glycémique chez les diabétiques.
Moins d'événements cardio-vasculaires.
Il a été montré qu'il est associé à une réduction de la mortalité coronarienne et qu'il est inversement associé au risque de syndrome métabolique, ainsi qu'à l'élévation des marqueurs de l'inflammation et de la dysfonction endothéliale, prédictifs de survenue d'un diabète de type 2. L'étude lyonnaise de prévention secondaire des maladies cardio-vasculaires avait également retrouvé les bénéfices du régime méditerranéen, sur la réduction de fréquence des événements et de la mortalité cardio-vasculaires, chez les sujets ayant une insuffisance coronarienne patente.
Concernant le risque de diabète de type 2, M.A. Martinez-Gonzalez et coll. (Pampelune, Espagne) ont mis en oeuvre une étude prospective de type cohorte particulièrement ambitieuse. Elle a en effet porté sur 13 380 diplômés de l'enseignement supérieur sans diabète à l'inclusion, qui ont été suivis pendant une durée médiane de 4,4 ans. Les habitudes alimentaires de ces sujets ont été déterminées à l'aide d'un questionnaire semi-quantitatif portant sur 136 produits alimentaires, validé depuis 1993. Les quantités de chaque produit ingéré dans l'année précédente ont été classées en 9 catégories, depuis l'abstention totale ou presque, jusqu'à la prise au moins 6 fois par jour. Les produits, avec leurs quantités ingérées, ont été regroupés par catégories (légumes, fruits, viande, produits laitiers…). Les produits alimentaires composant le régime méditerranéen ont fait l'objet d'un score noté de 0 à 9 permettant de chiffrer l'observance de chaque participant à ce mode d'alimentation. Cette observance a finalement été classée en trois catégories, basse, moyenne ou élevée, en fonction de ce score.
Une réduction très importante du risque.
Les résultats de ce travail ont montré que chez les participants de l'étude qui mangeaient le plus régulièrement «méditerranéen», l'incidence des nouveaux cas de diabète a été faible. Par comparaison avec les sujets de l'étude ayant une observance faible de ce régime, le risque relatif de diabète a été de 0,41 (intervalle de confiance à 95 % : 0,19 - 0,87) chez les participants ayant une observance moyenne, et n'a même été que de 0,17 (intervalle de confiance à 95 % : 0,04 - 0,75) chez ceux dont l'observance était la meilleure. Ces excellents résultats du régime méditerranéen ont été observés après ajustement pour le sexe, l'âge, les années d'études supérieures, les apports alimentaires, l'indice de masse corporelle, le niveau d'activité physique, la sédentarité, le tabagisme, les antécédents familiaux de diabète et les antécédents personnels d'hypertension artérielle.
Un accroissement de deux points du score d'observance du régime méditerranéen a été associé à une réduction du risque relatif de diabète de type 2 de 35 %. Cette tendance nette a été confirmée par l'analyse multivariée (p = 0,04).
Un régime méditerranéen bien observé est donc associé non seulement à une réduction de la mortalité coronarienne, mais est également corrélé de manière inverse à l'incidence du diabète de type 2 chez les sujets bien portants.
M.A. Martinez-Gonzalez et al., Adherence to Mediterranean diet and risk of developing diabetes : prospective cohort study. « BMJ » (en ligne : www.bmj.com).
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