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Pleins feux sur la recherche dans la SEP

Publié le 27/03/2008
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DES ÉLÉMENTS nouveaux et intéressants sont en train d'apparaître dans sept domaines.

1)Atteinte du cortex

L'atteinte du cortex est d'identification récente par les études neuropathologiques et d'imagerie. Ces atteintes qui se manifestent sous la forme de plaques semblent survenir plutôt dans les formes secondairement progressives de la SEP. On suppose que ces plaques corticales pourraient participer aux handicaps cognitifs. Les mécanismes inflammatoires qui conduisent à ces atteintes du cortex semblent différents de ceux de la démyélinisation de la substance blanche. Il existe des modèles expérimentaux qui permettent de les étudier.

2)Etapes moléculaires

Les étapes moléculaires qui induisent l'inflammation dans le système nerveux se découvrent un peu mieux. Des éléments récents font état de l'importance des lymphocytes T régulateurs (T Reg, antérieurement nommés T suppresseurs). Ce sous-groupe de lymphocytes permet le contrôle des cellules T autoréactives. On sait maintenant isoler les T Reg et un défaut d'efficacité a été mis en évidence dans la SEP. Ce qui donne une nouvelle piste pour tenter de redonner leur efficacité aux T Reg, pour éteindre l'inflammation. Les T Reg sont associées à une amélioration clinique de la maladie sur des modèles expérimentaux.

3) Marqueurs

De nouveaux marqueurs sont recherchés, qui permettraient de suivre l'évolution de la maladie et d'évaluer les nouvelles thérapeutiques. Un champ de travail est en cours pour essayer de développer l'imagerie de la démyélinisation et de la remyélinisation. On utilise notamment des techniques d'IRM sophistiquées qui étudient la diffusion. D'autres techniques notamment le PET-Scan sont développées en utilisant les ligands qui se fixent sur la myéline, ce qui permettrait d'obtenir une imagerie spécifique de la myéline.

4)Neurobiologie

Dans le domaine de la neurobiologie, des modèles expérimentaux sont développés pour comprendre les questions cruciales concernant les processus de myélinisation, démyélinisation, remyélinisation. Pourquoi dans certains cas la remyélinisation se fait-elle mal ? La réponse n'est ni simple ni univoque. Des facteurs inhibiteurs de la myélinisation et de la remyélinisation sont d'identification récente. On tente de bloquer ces molécules inhibitrices, pour favoriser la réparation de myéline.

5)Thérapeutique

En thérapeutique, on est entré dans une nouvelle ère, avec des traitements plus actifs, mais aussi comportant plus de risque. On connaît l'efficacité du natalizumab, sur le marché depuis juin dernier, mais qui comporte un risque d'effets secondaires (infections opportunistes cérébrales, notamment). D'autres anticorps monoclonaux sont en cours d'évaluation. Comme le rituximab, qui induit une déplétion en lymphocytes B (une étude préliminaire a donné des résultats intéressants). L'alemtuzumab, qui induit une déplétion en lymphocytes T et B prolongée, est en début de phase III. D'autres mécanismes d'action sont à l'étude, comme celui du fingolimod, qui trappe les lymphocytes dans les organes lymphoïdes. Il est également en étude de phase III. Par ailleurs, des étude de combinaisons thérapeutiques sont réalisées : avec l'interféron et la copaxone ; l'interféron et un immunosuppresseur… Au total, on compte actuellement une trentaine d'essais de phases II et III. En outre, les données convergent en faveur de l'intérêt, pour le pronostic à moyen terme, d'un traitement précoce de la maladie.

6)Génétique

Dans le domaine de la génétique, en 2007, on a publié la description de deux nouveaux gènes de susceptibilité à la SEP. On sait qu'il n'existe pas de gènes déclencheurs, mais qu'on est dans le cas d'une maladie comportant une vulnérabilité immunologique à un déclencheur que l'on ne connaît pas vraiment. L'été dernier, plusieurs études collaboratives, avec des stratégies de gènes candidats et de criblage de génome entier, ont impliqué les gènes de récepteurs de l'IL2 et de l'IL7 dans la susceptibilité à la SEP. Ces gènes dont les “poids” relatifs ne sont pas très élevés, impliquent donc la réponse immunitaire ( via les interleukines), ce qui représente un argument supplémentaire en faveur d'une dysrégulation immunitaire très précoce.

7)Virus

Enfin, l'intervention d'un virus est à nouveau d'actualité. Les données sont à prendre avec beaucoup de prudence, et des vérifications doivent être réalisées pour savoir si ce n'est pas un artéfact. Mais, dans les formes secondairement progressives, des follicules de lymphocytes B exprimant le virus EBV ont été détectés.

D'après un entretien avec le Pr Catherine Lubetzki, hôpital de la Salpêtrière, présidente du comité scientifique de l'ARSEP (Association de recherche sur la SEP).

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8341