LA TRANSMISSION du virus de l'encéphalite à tiques d'Europe centrale (arbovirus de la famille des flavidiæ à tropisme neurologique) se fait essentiellement par morsure d'une tique (Ixode reticulatus) infectée. Les réservoirs de virus sont les rongeurs, les rennes et les moutons, mais les animaux infectés ou porteurs de tiques ne transmettent pas la maladie aux êtres humains qui les côtoient.
L'encéphalite à tiques est endémique dans certaines régions de 27 pays européens. Sa prévalence est variable selon les pays, les régions et les zones (forêts, champs à herbes, buissons, arbustes...).
Quelques cas sont diagnostiqués chaque année en France (Alsace, Lorraine, Vosges) et dans le nord de l'Italie ; le plus grand nombre de cas annuels est répertorié en Suisse (101 cas) en Allemagne (plus de 500 cas), en Autriche (61 cas) et la maladie continue à progresser en direction de l'Europe de l'Est et du Nord.
Plus 400 % dans les pays européens entre 1974 et 2002.
A l'exception de l'Autriche qui a mis en place une campagne de vaccination depuis 1981, l'incidence moyenne de l'encéphalite à tiques a augmenté de 400 % de 1974 à 2002 dans les pays européens. Dans certains pays, République tchèque, Suisse, Pologne et Allemagne, une augmentation de 137,5 % a de nouveau été constatée entre 2002 et 2006. En République tchèque, la situation épidémiologique est encore plus inquiétante puisque plus de la moitié des cas répertoriés en 2006 (500/1 000) a été diagnostiquée dans le dernier trimestre 2006.
Cette évolution globale s'explique par des modifications climatiques : augmentation de l'humidité et de la température (plus de 0,6 à 1 °C en un demi-siècle), du nombre élevé de jours à une température > 25 °C alors que le nombre de jours à une température < 0 °C diminue.
A ces changements climatiques qui modifient le cycle de développement des tiques s'associe l'expansion du tourisme ; de plus en plus de sujets se déplacent de zones non endémiques vers des régions à risque, sans être vaccinés et souvent sans prendre les mesures de précautions indispensables, le public étant mal informé des risques potentiels d'un séjour même court dans les zones d'endémie, déplore le Dr Martin Haditsch, Institut d'hygiène, de microbiologie et de médecine tropicale (Linz, Autriche).
L'encéphalite à tiques est une encéphalite aiguë directement liée à la multiplication du virus dans le système nerveux central contre laquelle il n'existe aucun traitement spécifique.
L'incubation dure de une à deux semaines ; le début de la maladie est brutal marqué par de la fièvre, des céphalées et des frissons ; après une courte période de rémission, apparaissent des signes d'atteinte méningée et neuropsychique : fièvre élevée, céphalées, raideur de la nuque, obnubilation, prostration ou au contraire agitation, troubles de l'équilibre et de la conscience, paralysies flasques.
Dans 30 à 40 % des cas, la maladie laisse des séquelles neurologiques très graves et définitives, des troubles psychiques et neurologiques (paralysie) ; elle est mortelle dans 1 à 2 % des cas.
La prophylaxie.
La prévention est le seul moyen d'éviter l'encéphalite à tiques. Les conseils délivrés aux voyageurs dans les régions à risque (port de vêtements qui couvrent l'intégralité du corps, serrés aux chevilles, poignets et col, application de répellents, recherche de tiques après des activités en plein air) ne sont pas suffisamment efficaces, seule la vaccination avant exposition assure une efficacité préventive de 90 à 99 %.
L'Autriche est le pays européen où la couverture vaccinale est la plus large. La vaccination est proposée depuis 1981 ; aujourd'hui, 88 % des Autrichiens ont reçu au moins une vaccination anti-encéphalite à tiques.
De 2000 à 2006, cette vaccination a permis d'éviter 2 800 cas d'encéphalite à tiques, précise le Pr Franz Xaver Heinz (institut de virologie, université médicale de Vienne (Autriche).
Baden (Autriche), 10th International Meeting of the International Scientific Working Group on Tick-borne encephalitis (ISW-TBE). Conférence de presse organisée par le Laboratoire Baxter.
Le schéma
Le vaccin est recommandé en cas de séjour printanier ou estival dans une zone rurale d'Europe centrale et chez les sujets à risque dans les zones d'endémie : agriculteurs, bûcherons, forestiers... Le schéma vaccinal conventionnel comprend trois injections, les deux premières étant espacées de un à deux mois, la 3e ayant lieu de cinq à douze mois après la 2e injection avec un rappel dans les trois ans suivant la 3e dose.
Des doses de rappel peuvent être administrées tous les trois à cinq ans si le sujet reste exposé à des risques d'infection. Un schéma vaccinal accéléré (les deux premières doses étant espacées de deux semaines, la 3e de cinq à douze mois après la 2e dose) permet d'assurer une protection rapide.
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