VIH et paludisme chez la femme

Comment le parasite favorise la transmission materno-foetale

Publié le 17/03/2008
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LA DÉMONSTRATION a été réalisée in vitro. Les chercheurs sont partis d'une hypothèse : la liaison de P.falciparum au placenta doit stimuler la réplication locale du VIH, favorisant ainsi la transmission de la mère à son enfant. La base de travail était un constat : l'accumulation placentaire du parasite résulte de la cytoadhérence d'hématies infectées sur la chondroïtine sulfate A existant à la surface du placenta. Cette adhérence se fait par le biais d'adhésines du parasite.

Pour confirmer leur hypothèse les chercheurs ont analysé les conséquences, sur la réplication virale, de l'adhésion de P.falciparum à une lignée cellulaire dérivée du placenta, BeWo.

Ces cellules ont été infectées par un VIH et mises en présence d'une adhésine parasitaire recombinante. Une réplication virale a été observée dans les cellules placentaires. Son intensité était directement liée à la dose d'adhésine recombinante du milieu (deux dosages ont été utilisés). Alors que la réplication virale était modérément inhibée pour une faible dose d'adhésine, elle augmentait significativement pour la quantité élevée. L'adjonction au milieu de culture de molécules neutralisant cette adhésine empêchait la réplication virale.

Le rôle du TNF alpha.

Dans un second temps, connaissant le rôle du TNF alpha (tumor necrosis factor) dans la réplication du VIH tout à la fois dans les cellules T et les cellules placentaires, l'équipe l'a dosé. Elle a constaté une relation proportionnelle et spécifique entre la quantité d'adhésine recombinante du milieu de culture et celle de TNF alpha libéré.

Sa libération survenait que les cellules BeWo soient ou non infectées par le VIH, mais l'adjonction de TNF alpha à des cellules contaminées stimulait la réplication virale. Ainsi, les auteurs suggèrent que l'augmentation du TNF alpha, sous l'action de l'adhésine, favorise la réponse cellulaire immune à l'intérieur du placenta. De même, elle majore l'expression de récepteurs impliqués dans la liaison aux hématies infectées.

La pratique clinique.

Le constat biologique est corroboré par la pratique clinique. Il est en effet connu qu'une parasitémie placentaire élevée est associée à une transmission materno-foetale du virus majorée. Le risque régressant avec la parasitémie.

Les auteurs concluent que, si leur étude a porté sur une seule adhésine parasitaire, d'autres peuvent également influer sur la réplication virale. Leur travail montre un lien direct entre la cytoadhérence placentaire et la réplication du VIH dans des lignées de cellules placentaires. Il confirme que des interactions spécifiques du parasite au niveau placentaire favorisent la transmission materno-foetale du VIH.

AIDS, 18 mars 2008.

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8334