Une diminution de 10 % sur dix ans

L'aspirine réduit le risque d'asthme chez la femme

Publié le 13/03/2008
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DES DONNÉES randomisées chez des hommes ont montré une réduction faible mais significative du risque de survenue d'un asthme de l'adulte avec la prise d'aspirine. Les résultats d'une étude observationnelle chez des femmes sont allés dans le même sens.

A cela s'ajoutent maintenant les données randomisées qui manquaient jusqu'ici chez les femmes . L'opportunité a été donnée par l'étude WHS où l'on teste les effets de faibles doses d'aspirine, 100 mg tous les deux jours, et de la vitamine E (600 mg tous les deux jours), dans la prévention primaire des maladies cardio-vasculaires et du cancer. Parmi les 37 270 femmes, dénuées d'antécédents d'asthme à l'inclusion (et de conte-indication à l'aspirine), on compte 872 nouveaux cas d'asthme apparus au cours des dix ans de suivi et de prise d'aspirine, et 963 dans le groupe placebo. Ce qui donne un risque relatif de 0,9 (p = 0,027).

Il y a donc une réduction de 10 % du risque relatif d'asthme.

L'ampleur de la réduction est similaire dans tous les groupes d'âge et quel que soit le statut vis-à-vis du tabagisme, de l'activité sportive, de la prise d'un THS et de la vitamine E (certaines femmes en avaient).

Toutefois, cet avantage n'apparaît pas dans le groupe des femmes obèses dont l'IMC dépasse 30 kg/m2.

Une analyse post hoc de la Physicians' Health Study avait montré une réduction de 20 % chez des hommes qui prenaient 350 mg d'aspirine tous les deux jours. L'effet de moindre ampleur obtenu dans l'étude WHS peut être dû à la dose plus faible. Mais il existe des différences de prévalence de l'asthme entre les hommes et les femmes.

Comment comprendre ce résultat quand on sait que l'aspirine est un déclencheur d'asthme (précipitation du bronchospasme) dans une proportion non négligeable des asthmatiques (entre 4 et 11 %) ?

L'étiologie de l'asthme à l'aspirine est complexe et incomplètement élucidée, et correspondrait vraisemblablement à une anomalie du métabolisme de l'acide arachidonique.

Toutefois, la plupart des patients asthmatiques tolèrent bien l'aspirine ; un certain nombre d'entre eux s'améliorent même sous aspirine ou un autre AINS.

Un mécanisme non élucidé.

Le mécanisme biologique par lequel l'aspirine prise sur une longue durée réduit l'incidence de l'asthme n'est pas élucidé, et mérite d'être étudié de près. On peut invoquer l'effet immunologique, via des voies dépendantes ou non des COX. L'effet de l'inhibition des COX dans l'asthme est probablement dépendant des équilibres entre différentes prostaglandines, proinflammatoires (Pg D2, Pg F2-alpha, thromboxane A2) et anti-inflammatoires (PgE2). Ainsi, l'aspirine inhibe de manière irréversible l'isoenzyme COX-1, ce qui entraîne une réduction de synthèse de l'interféron-gamma.

Kurth T et coll. « Thorax », édition en ligne.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8332