S'APPUYANT sur la circulaire ministérielle concernant la prise en charge des AVC de mars 2007 et sur les recommandations du SROS III de Bourgogne publiés en 2006, le CHU de Dijon a analysé toutes les étapes de la filière de prise en charge des AVC, pour identifier les défauts contribuant à retarder l'arrivée à l'unité neuro-vasculaire. L'ensemble des intervenants de la filière – SAMU, SRAU, scanner, brancardiers, biochimie, neurologie, rééducation – a été sensibilisé et formé sur la base d'un protocole standardisé. Le travail prospectif s'est déroulé de 2006 à 2007.
Identification des causes de retard, correction.
Une des raisons expliquant le faible nombre des fibrinolyses s'est révélée être le retard d'admission dans l'unité neuro-vasculaire de quatre lits : 60 % au-delà des trois heures après le début de l'AVC. Les déterminants intrahospitaliers à l'origine de ce retard ont été identifiés, puis corrigés.
La mesure des résultats des interventions s'est appuyée sur différents indicateurs d'efficacité : le délai d'obtention du scanner, des examens biologiques, le temps d'arrivée à l'unité neuro-vasculaire et le nombre de fibrinolyses.
Au terme de l'intervention, tous les indicateurs ont été améliorés, pour aboutir à la multiplication par trois du nombre des fibrinolyses (trente-sept en un an contre douze par an) à moyens constants pour un coût nul.
Outre ce chiffre, les résultats se concrétisent par une réduction de la mortalité – 25 % avant 2000, 19 % en 2007 – et une amélioration des résultats fonctionnels – le taux de patients totalement autonomes est passé de 20 à 32 % dans les mêmes délais.
Les résultats ont fait l'objet d'une analyse dans le cadre d'une thèse de médecine (Dr Caroline Maes-Roqueiros). Ils montrent que :
– le taux des scanners effectués dans les trois premières heures est passé de 46 à 83 % ;
– le délai d'imagerie est passé de 109 à 54 min ;
– le délai entre l'appel et l'imagerie a diminué de 156 à 115 min ;
– le délai entre l'arrivée et l'imagerie a chuté de 87 à 37 min ;
– le délai entre l'arrivée et l'obtention des résultats biologiques est passé de 70 à 32 min.
Les bons résultats se sont aussi matérialisés en termes d'observance. Le suivi téléphonique de 252 patients a montré que la perte de compliance aux ordonnances à trois mois est passée de 32 à 20 %.
Amélioration de l'efficacité à moyens constants.
«A moyens constants, nous avons démontré qu'il est possible d'améliorer l'efficacité d'une filière de soins par la sensibilisation, la formation ciblée des intervenants, la reconnaissance de leur rôle et de leur travail.»
Cette démarche a abouti à une amélioration indiscutable des soins, mesurable concrètement et valorisante pour les professionnels de santé.
«La prise en charge des AVC est devenue un modèle structurant dans l'organisation des hôpitaux pour optimiser la prise en charge de cette maladie qui est devenue une véritable urgence du fait de l'arrivée de thérapeutique actives comme la fibrinolyse intraveineuse, à condition d'être appliquées dans les trois premières heures après la survenue de l'AVC ischémique. La notion d'une course contre la montre est une réalité dont chaque acteur de la prise en charge doit avoir conscience.»
Les AVC touchent chaque année 150 000 personnes en France.
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