ENCORE un bénéfice du régime méditerranéen. Un travail mené dans l'île de Minorque aux Baléares sur 460 enfants de 6 ans et demi tend à prouver que l'impact de l'adhésion par la mère à un régime méditerranéen en cours de grossesse est associé plus significativement à une baisse de l'incidence des pathologies atopiques que lorsque ce type de régime est pratiqué pendant l'enfance.
L'équipe de L. Chatzi (Heraklion) a fondé son argumentation sur deux notions. D'une part, au cours de la grossesse, le placenta est perméable aux toxiques et aux oxydants. Au sein d'un organisme en maturation, la présence de ces substances peut induire des troubles qui persisteront après la naissance. D'autre part, l'alimentation maternelle peut influer sur différentes acquisitions physiologiques postnatales telles que la fonction respiratoire et le système immunitaire.
Le travail a été mené sur une population de mères qui ont accouché en 1997 et sur leurs enfants. La première phase de l'étude avait pour objet de recueillir des données sur la nutrition en cours de grossesse. Six ans et demi après le début de l'étude, les parents des 460 enfants ont été contactés.
Atopie et bronchite sifflante.
Un questionnaire détaillant les épisodes d'atopie ou de bronchite sifflante et le régime alimentaire de l'enfant leur ont été transmis. Un test dermatologique d'allergie utilisant 6 aéroallergène communs (Dermatophagoides pteronyssinus, Cladosporium, pollen d'herbe, pollens d'arbres, graminées et poils de chat) a pu être pratiqué sur 412 de ces enfants.
«En se référant au score de régime méditerranéen qui prend en compte des items tels que la consommation de fruits, de légumes, de laitage ou de céréales, un tiers des femmes enceintes ne suivaient pas du tout ce type de régime pendant leur grossesse. L'incidence d'un sifflement respiratoire persistant chez les enfants de 6 ans et demi s'établissait à 13,2%, celle des sifflements en rapport avec une allergie à 5,8% et 17% des enfants présentaient des signes d'atopie», analysent les auteurs. Un score élevé de régime méditerranéen chez la mère en cours de grossesse était associé à une moindre incidence de sifflement respiratoire persistant (– 22 %), de sifflements en rapport avec une allergie (– 30 %) et d'atopie (– 45 %). En revanche, l'adoption d'un tel régime par les enfants n'a pas influé sur l'incidence de ces trois pathologies. Les auteurs ont ensuite analysé le risque d'allergie en fonction de l'alimentation.
Légumes, poisson, céréales.
Lorsque les mères consommaient des légumes plus de 8 fois par semaine, l'incidence des sifflements respiratoires et de l'atopie était particulièrement abaissées (– 36 et – 40 % respectivement). Une baisse significative était aussi notée chez les mères qui mangeaient du poisson plus de deux fois par semaine. La consommation de céréales semble aussi influer sur les risques d'atopie, mais la baisse n'est pas reconnue comme significative.
Pour les auteurs, une alimentation qui contient des quantités élevées d'antioxydants en cours de grossesse permet de protéger les tissus pulmonaires contre le stress oxydatif en cours de croissance. Ainsi, les céréales (qui contiennent de la vitamine E, des acides phénoliques et phytique), les fruits et les légumes (riches en vitamine C et E, en caroténoïdes, en sélénium et en flavonoïdes) pourraient protéger en partie contre le développement d'un asthme. D'autres nutriments pourraient aussi jouer un rôle protecteur contre les phénomènes allergiques : l'oleuropéine, l'hydroxytyrosol, les polyphénols, les acides gras n-3 eicosapentaénoïques et docosahexaénoïques.
« Thorax » 2008, édition avancée en ligne.
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