LES DOULEURS neuropathiques sont des douleurs souvent chroniques et très invalidantes, consécutives à une lésion ou à une dysfonction du système nerveux central (cerveau, moelle épinière) ou périphérique (nerfs, racines...).
Elles surviennent en l'absence de toute stimulation douloureuse ou peu douloureuse, sont déclenchées ou aggravées par une stimulation mécanique (effleurement, frottement) ou thermique normalement indolore et elles ne sont pas ou peu soulagées par les antalgiques habituels et les anti-inflammatoires.
Diabète, zona, sclérose en plaques, syringomyélie, accident vasculaire cérébral, radiculopathies lombaires ou cervicales, sida, cancer, suites de traumatismes, notamment traumatisme médullaire..., sont des pathologies susceptibles de provoquer des douleurs neuropathiques.
Dans la population générale, leur fréquence est estimée à 2 % ; elle est de 20 à 30 % dans les consultations des centres de traitement de la douleur.
«Mais, jusqu'à maintenant en France, on ne disposait pas de données épidémiologiques solides, c'est pourquoi Pfizer et un groupe d'experts ont mis en place STOPNEP, une enquête épidémiologique de grande ampleur visant à mesurer la prévalence des douleurs neuropathiques, dans la population générale», explique le Dr Michel Lanteri-Minet (hôpital Pasteur, Nice).
L'enquête STOPNEP a été réalisée d'août à novembre 2004, pour étudier la prévalence des douleurs chroniques avec ou sans caractéristiques neuropathiques dans la population française par l'Institut de sondage TNS Healthcare Sofres.
Un questionnaire envoyé à plus de 30 000 personnes.
Un questionnaire simple et court a été envoyé à 30 135 personnes de plus de 18 ans, 24 497 (81,2 %) ont répondu, 96,8 % des réponses ont été analysées.
Les deux premières questions visaient à identifier les personnes souffrant de douleurs chroniques ; en cas de réponse positive à ces deux premières questions, 7 items permettaient d'évaluer la durée, l'intensité, la localisation de la ou des douleurs et les caractéristiques de la douleur la plus gênante.
L'analyse des réponses montre que 37,6 % des Français souffrent quotidiennement dont 31,7 % depuis plus de trois mois.
Les femmes sont plus touchées que les hommes : 35 % contre 28,5 %.
Plus les personnes avancent en âge, plus elles ont des douleurs chroniques : 52,4 % ont plus de 75 ans.
Le dos est la localisation la plus fréquente (près de 60 %), suivi des membres inférieurs, du cou et de l'épaule et des membres supérieurs.
Les douleurs neuropathiques ont été différenciées à partir des 7 items du questionnaire DN4 (voir encadré).
Leur prévalence dans la population des patients souffrant de douleurs chroniques atteint 6,9 % et 5,1 % sont des douleurs d'intensité modérée à sévère. Les douleurs neuropathiques surviennent plus souvent chez les femmes (60,5 %) et augmentent avec l'âge avec un pic entre 50 et 64 ans.
Elles sont plus fréquentes en milieu rural que dans les grandes villes.
Les travailleurs manuels sont les plus touchés (9,3 % des ouvriers, 8,9 % des agriculteurs dans la population générale), soit deux fois plus que les cadres supérieurs et les professions libérales (4,5 %).
Plus intenses et plus longues.
Les douleurs neuropathiques sont plus intenses que les douleurs chroniques non neuropathiques et sur 24 heures elles durent plus longtemps.
Une phase d'approfondissement, réalisée entre le 25 mars et le 6 juin 2005, a pour objectif d'analyser l'étiologie de ces douleurs, de déterminer leur histoire naturelle, les comorbidités (troubles du sommeil, anxiété, dépression), l'impact sur la qualité de vie et de mieux cerner le parcours de prise en charge des patients.
Un questionnaire validé a été envoyé à 2 983 patients douloureux chroniques ; l'analyse est en cours, les résultats de cette deuxième partie sont attendus en 2008.
Conférence organisée par le Laboratoire Pfizer.
Le DN4 en 10 questions
Le questionnaire DN4 est un nouvel outil d'aide au diagnostic des douleurs neuropathiques, conçu par Pfizer et un groupe d'experts. Il comporte 10 items : 7 items concernent les caractéristiques de la douleur (brûlure, décharge électrique, sensation de froid douloureux, fourmillements...), 3 sont relatifs aux données d'un examen clinique ciblé. Les patients interrogés par le praticien doivent répondre à chaque item par oui ou non. Un score ≥ 4 de réponses positives permet de diagnostiquer une douleur neuropathique avec une sensibilité de 83 % et une spécificité de 90 %. Cet outil validé par la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD) est aujourd'hui devenu une référence internationale (il a été traduit en plus de 20 langues).
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