IL N'Y A PAS d'âge auquel on ne puisse pas être infecté par le papillomavirus. En effet, la présence d'ADN de papillomavirus oncogène a été rapportée dans l'épithélium de jeunes filles et de jeunes garçons, avec une prévalence située entre 3 et 10 %.
Pic à l'adolescence.
Mais c'est à l'adolescence que se situe le pic de prévalence. Entre 30 et 40 % des jeunes femmes se contaminent avant l'âge de 25 ans. Puis la prévalence chute à 15-20 % pour les femmes de 26 à 30 ans et à 10-20 % pour les femmes de 31 à 35 ans.
A l'heure actuelle, l'instauration d'une vaccination systématique des jeunes filles âgées de 9 à 15 ans, avec un rattrapage progressif des cohortes de jeunes femmes âgées de 16 à 26 ans, correspond au positionnement du vaccin défini dans son AMM par l'Agence européenne du médicament. Pour le vaccin quadrivalent (Gardasil), les recommandations françaises stipulent que la vaccination devra être systématique chez toutes les jeunes filles de 14 ans, avec un rattrapage des jeunes femmes jusqu'à 23 ans (inclus) pour celles qui n'ont pas eu de rapports ou des rapports depuis moins d'un an.
«Cet âge de 14ans est inhabituel dans le calendrier vaccinal français, souligne le Pr Jean Beytout. Mais il est important de vacciner suffisamment tôt avant que la jeune fille ne soit contaminée naturellement; mais pas trop tôt, tout de même, car les enquêtes d'opinion montrent que la connotation MST de l'infection par le papillomavirus est source de réticences.»
«Un autre paramètre est à prendre en compte dans cette vaccination et dans son acceptation, poursuit-il, c'est la durée de l'immunité conférée par le vaccin.» En effet, on sait que le vaccin est efficace pendant au moins cinq ans contre les lésions précancéreuses associées à HPV 16 et 18, mais qu'au-delà la durée de protection conférée par le protocole vaccinal initial est encore inconnue. Des injections supplémentaires seront peut-être nécessaires ultérieurement dans la vie des femmes. Néanmoins, l'efficacité à 100 % contre les lésions dues à HPV 16 et HPV 18 pendant cinq années suffit à la généraliser, tout en surveillant l'immunité vaccinale sur le long terme.
L'expérience limitée dont on dispose sur la pratique de cette vaccination et de ses éventuels effets secondaires peut également être source d'appréhension. «Ce que l'on peut dire aujourd'hui à ce sujet, précise J. Beytout, c'est que les études montrent à l'évidence une bonne tolérance.» Soulignons qu'un plan de gestion du risque a été mis en place dans de nombreux pays où le vaccin a été accepté.
Autres HPV.
«Il est important de signaler, déclare J. Beytout, que le vaccin actuel ne peut prétendre couvrir toutes les infections à papillomavirus, et notamment tous les HPV responsables de cancer. La politique de dépistage doit donc se poursuivre car la vaccination seule n'éliminera pas le cancer cervical. C'est l'organisation du dépistage qui apparaît le moyen le plus rentable aujourd'hui pour réduire la fréquence des cancers du col utérin. Mais il ne faut pas, bien entendu, se priver du vaccin, en sachant qu'il représente un investissement à long terme.»
Pour toutes ces raisons, la surveillance des femmes vaccinées et le dépistage du cancer du col utérin seront donc toujours de rigueur.
D'après un entretien avec le Pr Jean Beytout, chef du service des maladies infectieuses et tropicales, CHU de Clermont-Ferrand.
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