LE CANCER du poumon est le cancer le plus meurtrier du monde. Son pronostic reste sombre car 75 % des patients sont diagnostiqués à un stade inopérable, lorsque les options thérapeutiques sont rarement curatives. De plus, même les patients au stade 1 ont un taux de survie à cinq ans de 60 % seulement, ce qui signifie qu'un grand pourcentage présentait déjà une métastase occulte.
Cela souligne qu'il est impératif d'améliorer la détection précoce de ce cancer.
Le scanner hélicoïdal (CT scan) proposé récemment pour dépister précocement le cancer du poumon, donne malheureusement un taux très élevé de faux positifs. Ainsi, dans une récente étude, des nodules étaient détectés chez plus de 70 % des patients dépistés, alors que moins de 4 % avaient en réalité un cancer. Ce qui signifie que bon nombre d'individus doivent subir des examens supplémentaires (imagerie ou biopsie). Plus problématique encore : dans certaines études de dépistage par CT scan, jusqu'à 30 % des nodules réséqués étaient bénins ; autrement dit, ces patients ont subi une thoracotomie inutile, avec tous les risques associés.
Quatre marqueurs retenus : ACE, SCC, RBP et AAT.
«Cette étude représente un premier pas pour développer un test qui nous permettrait de prélever le sang d'un patient et déterminer si des examens plus invasifs et un traitement sont nécessaires», déclare dans un communiqué le Dr Edward Patz, radiologue à la Duke University, qui a dirigé ce travail.
Patz et son équipe ont cherché à identifier un panel de marqueurs sériques du cancer du poumon.
Les chercheurs ont d'abord évalué six protéines sériques, quatre découvertes par protéomique et deux déjà connues pour être associées au cancer (antigène carcinoembryonnaire ou ACE, et antigène de carcinome à cellules squameuses ou SCC). Ils ont comparé les taux de ces protéines dans le sérum de 50 patients diagnostiqués avec un cancer du poumon, et de 50 témoins de même âge et même sexe (training set).
Une méthode d'analyse dite CART (Classification and Regression Tree) a permis de sélectionner quatre marqueurs – ACE, SCC, RBP (Retinol Binding Protein) et AAT (alpha-1 antitrypsine) – qui prédisaient le plus efficacement quels patients avaient un cancer du poumon (dans un arbre avec sept groupes terminaux).
Ces quatre marqueurs classaient correctement 88 % des patients avec cancer et 82 % des patients sans cancer (sensibilité de 89 %, spécificité de 84 %).
Dans une étude de validation, menée sur le sérum de 49 patients avec cancer du poumon et 48 témoins, ces quatre marqueurs classaient correctement 71 % des patients cancéreux et 66 % des témoins.
Un taux d'exactitude de plus de 80 %.
«En utilisant les quatre marqueurs (ACE, SCC, RBP et AAT), nous étions capables de distinguer les patients cancéreux des patients sans cancer avec un taux d'exactitude de plus de 80%, souligne le Dr Patz. Les patients classés dans les groupes terminaux 4, 5 ou 7 avaient 90% de risques d'avoir un cancer. D'autres groupes terminaux étaient associés à seulement 10% de risques d'avoir un cancer.»
«Ce panel de quatre protéines sériques est précieux pour suggérer le diagnostic de cancer du poumon», concluent les chercheurs.
Dans le futur le plus immédiat, ce test sanguin pourrait être utilisé lorsqu'un patient présente une lésion pulmonaire suspecte à l'imagerie, afin de décider de la prise en charge (surveillance ou intervention immédiate). Les chercheurs envisagent d'évaluer prospectivement ces marqueurs dans une étude plus large.
L'objectif ultime serait, après confirmation par des études cliniques, de pouvoir utiliser ce test sanguin avant l'imagerie afin d'identifier les individus à haut risque de cancer du poumon. Les patients à haut risque pourraient subir alors un CT scan, ceux à faible risque pourraient être réévalués avec les marqueurs sériques durant leurs visites de routine.
« Journal of Clinical Oncology », 10 décembre 2007.
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