DE PETITES épidémies de dermatoses se produisent souvent après un ouragan et/ou une inondation. Ainsi, aux Etats-Unis après des événements de ce type, on recense habituellement des cas d'infections par staphylocoques, par Tinea nigra (une dermatophytie) et des piqûres d'arthropodes.
Pour connaître plus précisément les diagnostics, des dermatologues américains publient les résultats d'un travail d'investigation systématique réalisé à la suite de deux ouragans qui se sont produits en 2005 et ont ravagé la Louisiane et la ville de La Nouvelle-Orléans : Katrina qui a atteint les terres le 29 août, suivi par Rita le 24 septembre.
Les médecins de la base militaire de La Nouvelle-Orléans ont mené une étude rétrospective de cohorte chez 136 travailleurs civils du bâtiment, qui ont oeuvré à cette base entre le 30 août et le 3 octobre. Ils habitaient sur place dans des tentes ou des bâtiments en bois, où ils disposaient d'installations sanitaires limitées. Les huttes en bois avaient été inondées lors du cataclysme climatique et l'eau s'était retirée.
Dans le cadre de ce travail, on a réalisé des biopsies, des prélèvements, un recueil des facteurs de risque professionnel et des possibilités d'exposition dans les habitations.
La surveillance mise en place par les autorités sanitaires (CDC) en Louisiane note que, à la suite de ces deux ouragans, 22 % des affections traitées ont été d'ordre dermatologique : plaies, infections cutanées et rashes.
Travailleurs du bâtiment.
Des rashes ont été rapportés par 56 des 136 travailleurs du bâtiment qui ont fait l'objet de la surveillance, soit un taux de 42,6 %.
Quatre entités cliniques distinctes ont été identifiées. Elles ont été diagnostiquées chez 41 travailleurs qui ont été examinés (certains avaient plus d'une maladie cutanée). L'urticaire papulaire arrive en tête, accusée par 27 personnes (65,9 %). Elle est suivie par la folliculite bactérienne chez 8 personnes (19,5 %), une dermatose à la fibre de verre chez 6 individus (14,6 %) et une dermatose photo-induite présente sur les bras de 2 sujets (4,9 %). Tous les diagnostics, à l'exception de la photodermatose, ont été confirmés sur les examens histopathologiques.
L'urticaire papulaire est donc la dermatose la plus fréquente.
Pullulation d'acariens par modification de l'écosystème..
«Après avoir fait des ajustements pour des variables extérieures influentes (ethnie et risque de dermatose acquise en fonction du travail) , le risque d'urticaire est significativement augmenté chez ceux qui ont dormi dans une hutte en bois quittée par les eaux polluées de l'inondation (RR ajusté de 20,4) .»
L'urticaire papulaire est une réaction causée- par les piqûres d'acariens, de moustiques, de puces et de punaises de lit.
Les réparateurs des toits ont habituellement plus fréquemment des urticaires ou des folliculites bactériennes. Dans l'étude, le fait d'avoir dormi dans les huttes en bois augmente encore plus ces dermatoses. Les acariens en sont probablement à l'origine. Les inondations, qui modifient l'écosystème, favorisent leur pullulation chez les humains : ils quittent les rongeurs ou les oiseaux pour aller coloniser les humains.
Les agents d'infections cutanées tels que Vibrio vulnificus (communs dans l'eau chaude du golfe du Mexique) et la leptospirose (présente dans les boues contaminées par des urines animales) mériteraient d'être recherchées chez les personnes qui ont des plaies ouvertes et exposées aux eaux polluées après un ouragan dans ces régions.
« Arch Dermatol », vol. 143, n° 11, novembre 2007, pp. 1393-1398.
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