Cause ou conséquence de la SLA ?

Des brèches dans la barrière hématoméningée

Publié le 25/11/2007
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LA SCLÉROSE latérale amyotrophique serait associée à des altérations de la barrière hématoméningée. Des brèches sont observées dans la structure dès les premiers stades du développement de la maladie. En conséquence, des molécules de taille importante et même certaines des cellules peuvent diffuser du sang vers le système nerveux central des malades. Ce phénomène pourrait jouer un rôle clé dans la progression de la maladie. Des stratégies thérapeutiques visant à rendre sa perméabilité à la barrière hématoméningée apporteraient alors un bénéfice aux patients.

Bien que l'étiologie de la SLA soit encore assez mal comprise, de nombreuses observations suggèrent que le système immunitaire participe à la pathogenèse de la maladie. Récemment, des lymphocytes T, des dépôts d'immunoglobuline IgG, des composants du système du complément, des macrophages et des cellules dendritiques ont été détectés dans la moelle épinière et le cerveau de patients atteints de SLA. De plus, dans le modèle expérimental de la souris, il a été observé que des IgG administrées par voie intrapéritonéale peuvent être retrouvées dans les motoneurones des animaux malades, au niveau de la moelle épinière. Ces données suggèrent l'existence d'une perméabilité des barrières hématoencéphalique et hématospinale dans la SLA. Garbuzova-Davis et coll. (université de Floride du Sud) ont décidé d'étudier cette possibilité.

Une dégénérescence des cellules endothéliales.

Lors d'une première série d'expériences, les chercheurs ont utilisé la microscopie électronique pour analyser la structure des barrières hématoméningées de souris génétiquement modifiées pour développer une SLA dès les premières semaines de leur vie. L'examen des ultrastructures capillaires a mis en évidence une dégénérescence des cellules endothéliales impliquées dans l'étanchéité de ces barrières.

Pour savoir si ces modifications structurelles s'accompagnaient d'une altération fonctionnelle, Garbuzova-Davis et coll. ont administré un colorant bleu (bleu d'Evans) aux souris malades, par voie intraveineuse. Les résultats de cette seconde série d'expériences sont aujourd'hui publiés dans la revue « PLoS ONE ». Quels que soient l'âge et le stade de la maladie des souris traitées, les chercheurs ont observé des fuites de colorant dans la moelle épinière des animaux. L'importance des fuites augmente avec l'âge des souris.

L'ensemble de ces données indique que la barrière hématospinale, altérée dès le début de la SLA, laisse entrer diverses substances dans le système nerveux des souris malades. Ce phénomène s'amplifie lorsque la maladie progresse. Il pourrait contribuer à la dégénérescence des motoneurones qui caractérise la maladie.

Toutefois, un point reste à éclaircir : les brèches observées dans la barrière hématoméningée des souris malades sont-elles à l'origine de la SLA ou en sont-elles la conséquence ? Garbuzova-Davis et coll. espèrent parvenir à trancher la question en étudiant des souris génétiquement prédisposées à la SLA, mais qui n'ont pas encore développé le moindre symptôme de la maladie.

En outre, l'équipe va très prochainement démarrer une étude visant à vérifier que les données obtenues dans le modèle de la souris sont transposables au cas des patients humains.

S. Garbuzova-Davis et coll., « PLoS ONE », novembre 2007, 1205.

> ELODIE BIET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8264