LE PITRAKINRA, une interleukine 4 recombinante humaine, inhibe de manière compétitive le complexe interleukine 4R alpha, et « de ce fait, interfère simultanément avec l'action des interleukines4 et 13», expliquent Sully Wenzel et coll. (Pittsburg, Etats-Unis) dans le « Lancet ». Chez des patients souffrant d'asthme atopique, ces auteurs mettent en évidence, sous l'effet de ce produit, une réduction de la réponse bronchique tardive à la provocation par allergènes. Ce qui se manifeste à la fois par une amélioration du VEMS et une réduction de l'aire sous la courbe des VEMS au cours du temps.
Wenzel et coll. publient conjointement deux études indépendantes, randomisées, de phase IIa, réalisées chez des asthmatiques atopiques.
Dans l'étude n° 1, les patients (n = 12) ont reçu, par voie sous-cutanée, 25 mg de pitrakinra ou un placebo (n = 12) une fois par jour. Dans l'étude n° 2, les patients (n = 16 dans chaque groupe) ont reçu 60 mg de pitrakinra ou un placebo, par nébulisation biquotidienne.
Une épreuve de provocation par allergènes a été réalisée avant le traitement et 4 semaines après.
Réduction 3,7 fois moins importante du déclin du VEMS.
Après quatre semaines d'administration, les résultats de l'étude 1 montrent une réduction maximale de 17,1 % du VEMS dans le groupe pitrakinra, alors que cette réduction est de 23,1 % dans le groupe placebo (différence de 6 %, p = 0,24). Ceux de l'étude 2 indiquent une réduction de 4,4 % du VEMS pour le groupe pitrakinra, ce qui se compare positivement aux 15,9 % de réduction dans le groupe placebo. Ces chiffres indiquent «une réduction 3,7fois moins importante du déclin du paramètre VEMS dans le groupe pitrakinra par voie inhalée (p<0,000 1) comparativement au placebo». Un effet existe après administration sous-cutanée. Mais il est particulièrement net avec l'administration par voie inhalée.
Les effets indésirables secondaires à l'asthme sont moindres dans les groupes pitrakinra que dans ceux ayant reçu un placebo. Les crises d'asthme intercurrentes ont été moins nombreuses et il y a eu un recours moins fréquent à un traitement de secours par bêta-agonistes.
Les auteurs notent en revanche que le traitement par pitrakinra n'exerce pas d'effet sur la réponse précoce au stress allergénique.
L'inflammation chronique des voies aériennes.
Depuis les années 1980, les investigations ont placé les cytokines Th2 (T helper) au centre de l'inflammation chronique des voies aériennes. Après l'inhalation d'un allergène, on décrit une réponse biphasique, avec une phase aiguë qui dure environ une heure, où les mastocytes et les basophiles, activés par les IgE, déclenchent une libération de cytokines Th2 (interleukines 4, 5 et 13, associées à des médiateurs bronchoconstricteurs). Les fonctions pulmonaires retournent à la normale. Ensuite, existe une phase plus tardive et plus sévère, entre 2 h et 12 h après le contact initial, où interviennent des médiateurs des CD34+Th2, qui sous-tendraient le remodelage des voies aériennes développé avec la progression de la maladie.
La publication de Wenzel et coll. conforte ces notions, au centre des recherches thérapeutiques. Leur abord direct de la question avec le pitrakinra indique que l'inhibition des interleukines 4 et 13 peut infléchir le cours de la réponse tardive. Le produit doit faire l'objet d'évaluation après des administrations plus prolongées. Il importe en effet de savoir si le pitrakinra peut affecter durablement le remodelage bronchique, au centre de la dégradation des fonctions pulmonaires chez les asthmatiques. Les études prévues devraient comporter des biopsies bronchiques.
« The Lancet », vol. 370, 20 octobre 2007, pp. 1422-1431 et commentaires pp. 1396-1398.
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