MALGRÉ les multithérapies aujourd'hui hautement actives contre le VIH1, qui sont capables de supprimer la charge virale et même de restaurer l'immunité, l'infection par le VIH1 persiste à l'état latent chez les patients et le virus resurgit dès que le traitement est interrompu. Le VIH1 persiste en effet dans les cellules T CD4+ quiescentes (au repos), non activées, sous la forme d'ADN proviral intégré dans le génome de la cellule, sans qu'il y ait production de virus, mais avec les potentialités d'une reprise de celle-ci.
La latence du VIH1 dans les lymphocytes T CD4+ au repos constitue donc un obstacle majeur à l'éradication du virus chez les patients sous thérapie optimale. Mais quels sont les mécanismes responsables de la latence du VIH1 dans les cellules au repos ? Plusieurs facteurs de restriction agissant sur une étape du cycle viral pourraient contribuer à la latence virale.
Le rôle clé de certains micro-ARNs.
Une équipe dirigée par le Dr Hui Zhang, chercheur au centre de virologie humaine de l'université Thomas-Jefferson (Philadelphie), vient d'identifier le rôle pivot joué par certains micro-ARNs. Les micro-ARNs sont de petits ARNs non codants qui contrôlent l'expression de divers gènes cibles.
Ils montrent qu'un groupe de micro-ARNs cellulaires (miR-28, miR-125b, miR-150, miR-223 et miR-382) inhibe puissamment la production de VIH1 dans les cellules T CD4+ au repos, en ciblant la terminaison 3' des ARNs messagers du VIH1, ce qui empêche la traduction de l'ARN viral en protéines.
Ces micro-ARNs spécifiques sont enrichis dans les cellules T CD4+ au repos, comparés aux cellules activées. «Nous avons identifié un groupement de micro-ARNs (miARN) cellulaires au sein des cellulesTCD4+ quiescentes (au repos) qui sont capables d'inhiber la traduction des protéines du VIH1, et contribuent de ce fait au maintien de la latence du VIH1», explique au « Quotidien » le Dr Zhang. «Parmi ces protéines virales inhibées, figurent deux protéines régulatrices importantes du VIH1: Tat et Rev», précise-t-il.
Dans un deuxième temps, les chercheurs ont exposé des cellules T CD4+ quiescentes provenant de patients VIH infectés à un traitement combinant les inhibiteurs spécifiques des micro-ARNs.
Le résultat est prometteur : «Nous montrons que les inhibiteurs spécifiques de ces micro-ARNs cellulaires peuvent déclencher la production de virus VIH1 à partir des cellules infectées de façon latente.»
Des implications cliniques.
«Grâce à l'infection latente, le VIH1 se cache tant et si bien dans les cellules quiescentes que les médicaments et le système immunitaire ne peuvent le trouver», souligne le Dr Zhang.
«Nous avons identifié un nouveau mécanisme par lequel la latence du VIH1 est maintenue dans les cellulesT CD4+ au repos. Et, fait important, nous avons découvert que les inhibiteurs de ces micro-ARNs cellulaires peuvent fortement déclencher la production du virus VIH1 capable de réplication (infectieux) dans les cellules infectées de façon latente, sans pour autant activer ces cellules. Par conséquent, nous proposons une nouvelle stratégie pour faire sortir le VIH1 de ses abris.»
« Nature Medicine », 30 septembre 2007, Hunag et coll., DOI : 10.1038/nm1639.
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