Des résultats préliminaires qui incitent à continuer

Un « vaccin » ADN testé dans la SEP

Publié le 20/09/2007
Article réservé aux abonnés
1276169915F_Img281388.jpg

1276169915F_Img281388.jpg

ON SAIT que la SEP, maladie chronique démyélinisante, se caractérise par une attaque immunitaire contre la gaine de myéline au niveau du système nerveux central, ce qui endommage l'axone sous-jacent.

La cause de la SEP est inconnue, mais différents éléments montrent que des cellules immunitaires autoréactives jouent un rôle fondamental dans la pathogénie de la maladie, ainsi que des anticorps qui reconnaissent des antigènes spécifiques de la myéline (comme la MBP ou Myelin Basic Protein) et un ensemble de cytokines inflammatoires : interféron gamma, IL17.

Développer un moyen permettant d'obtenir une régulation négative ou une tolérance des cellules auto-immunes spécifiques des antigènes de la maladie représente une voie d'abord intéressante. On peut en attendre une efficacité optimale avec des effets secondaires réduits.

C'est dans cette optique que des recherches sont menées sur un vaccin ADN à base de plasmides codant un ou plusieurs antigènes de la myéline. L'équipe d'Amit Bar-Or, Hideki Garren et coll. présentent leurs résultats. Il a été montré que les plasmides d'ADN peuvent être utilisés en tant que vaccin, rappellent-ils, car la réponse immunitaire est générée contre la protéine codée issue du plasmide.

S'ajoute à cela que «des travaux récents de notre équipe sur des modèles animaux d'autoréactivité ont démontré que des vaccins ADN peuvent être utilisés pour obtenir une régulation négative de l'immunité liée à l'autoréactivité».

Ils présentent «les résultats du premier vaccin à notre connaissance utilisé pour traiter une maladie de l'auto-immunité chez les humains».

Le BHT-3009 testé chez 30 patients.

Les chercheurs ont élaboré un vaccin ADN, nommé BHT-3009, codant dans sa totalité la protéine MBP.

Il a été testé chez 30 patients présentant une SEP à forme rémittente ou secondairement progressive. Les patients inclus devaient avoir entre une et cinq lésions prenant le contraste à l'IRM au gadolinium du cerveau, et avoir enregistré une rechute au cours des deux années précédentes ou au contraire une aggravation au cours du même délai.

L'étude, de phase I-II, en escalade de doses, a été menée sous forme randomisée, multicentrique, en double aveugle et contrôlée contre placebo.

Quatre centres des Etats-Unis ont été impliqués. Les patients n'ont pas pris d'autres traitements.

Le BHT-3009 a été injecté par voie intramusculaire aux semaines 1, 3, 5 et 9 après l'inclusion, associé à de l'atorvastatine (80 mg en dose quotidienne orale, pour sa propriété immunomodulatrice). On a testé trois dosages : 0,5 mg, 1,5 mg et 3 mg.

Au total, dans ce travail préliminaire, le vaccin BHT-3009 s'est révélé bien toléré et a présenté une bonne sécurité. De plus, ce produit a eu un effet favorable sur l'IRM, comme en témoigne une tendance à l'amélioration des lésions.

Des changements immunitaires.

Il a produit aussi des changements immunitaires intéressants : une diminution marquée de la prolifération des CD4+ productrices d'interféron gamma, réactives à la myéline, que l'on a constaté dans le sang périphérique. Et aussi une réduction des titrages des autoanticorps spécifiques de la myéline au niveau du LCR, ce qui a été constaté sur des examens par micropuces à protéines.

Les patients recevant le placebo ont été mis sous traitement actif après le dévoilement de l'étude.

«Nous n'avons pas observé de bénéfice substantiel de l'atorvastatine en comparant avec les patients qui ont reçu le produit seul», notent les auteurs.

Ces résultats favorables sont un encouragement à continuer l'étude du produit dans la SEP. L'étude est aussi une preuve de concept, qui peut laisser augurer des résultats dans le traitement de différentes maladies où l'autoréactivité est impliquée : diabète de type 1, LED, polyarthrite rhumatoïde, myasthénie.

« Arch Neuro » vol. 64, n° 10, publié en ligne le 13 août 2007.

> Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8220