LE PRINCIPE de la vaccination thérapeutique, forme d'immunothérapie, est d'induire une réponse immunitaire contre un antigène spécifique des cellules tumorales. Cette réponse se traduit par la production de « cellules tueuses » capables de détruire très spécifiquement la tumeur. MAGE-3 est un de ces antigènes spécifiques. Il appartient à une famille générique baptisée MAGE (Mélanome Antigène), car elle a d'abord été identifiée dans les mélanomes avant d'être découverte à la surface d'autres cellules tumorales. MAGE-3 est, par exemple, exprimé par de nombreuses tumeurs comme les mélanomes, mais aussi les cancers de la vessie, de la tête et du cou et les cancers du poumon.
Ces protéines, qui ne sont pas présentes sur les cellules normales, devraient théoriquement attirer l'attention du système immunitaire. Mais ce n'est malheureusement pas le cas parce que ces protéines ne sont pas présentées de manière efficace au système immunitaire.
Des travaux ont été menés dans l'optique d'améliorer ce processus, en essayant notamment de faire en sorte qu'elles soient présentées à plus haute dose. Les chercheurs ont, dans un premier temps, travaillé à identifier les gènes responsables de l'expression de ces protéines, en particulier celle de MAGE-3. Une fois cette étape franchie, ils ont pu mettre en oeuvre un procédé artificiel pour produire MAGE-3 en grande quantité. En ajoutant à cette protéine un adjuvant, composé d'un mélange de substances « immunostimulantes » sélectionnées pour leur capacité à augmenter encore la réponse immune antitumorale, un vaccin a été fabriqué et testé chez l'homme.
Chez des patients opérés.
Lors du dernier congrès de l'Asco (American Society of Clinical Oncology), une équipe de l'université de Louvain a présenté un essai de phase II mené dans le cadre du cancer bronchique non à petites cellules. Ce travail porte sur 183 patients ayant été opérés d'un cancer du poumon non à petites cellules surexprimant MAGE-3, stade IB ou II, qui, après répartition aléatoire, ont reçu le traitement actif ou le placebo selon un rapport de 2:1. La vaccination a consisté en cinq administrations intramusculaires successives à trois semaines d'intervalle de 300 µg, suivies de huit autres à raison de une tous les trois mois (soit une durée totale de traitement de 27 mois). Les résultats présentés par J. Vansteenkiste ont mis en évidence une baisse de 27 % du risque relatif de récidive après l'intervention chez les patients ayant reçu la vaccination (30,6 % contre 43,3 % dans le groupe placebo). La mortalité a été de 21 % dans le groupe MAGE-3 et de 31,6 % dans le groupe placebo. Le traitement a été bien toléré et bien accepté par les malades. L'observance a été jugée excellente par les investigateurs. Les effets indésirables le plus souvent signalés ont été des réactions locales (douleur, rougeur, gonflement) ou générales (fièvre, fatigue, douleur musculaire) de faible intensité au cours des 24 premières heures.
Une phase III est mise en place.
Ces résultats, obtenus après un suivi médian de 28 mois, confirment l'analyse intermédiaire présentée l'année dernière lors de ce même congrès. L'étude n'avait pas une puissance suffisante pour mettre en évidence une différence statistiquement significative, mais les données ont été considérées comme suffisamment encourageantes pour que le Laboratoire GSK, qui développe ce vaccin, lance un essai comparatif randomisé de phase III. Son objectif est d'évaluer l'efficacité et la sécurité d'emploi du vaccin MAGE-3 en traitement adjuvant sur un effectif d'environ 2 270 patients inclus après résection complète d'un cancer du poumon non à petites cellules de stade IB, II ou IIIA surexprimant MAGE-3. Les patients éligibles pour une chimiothérapie, recevront, après celle-ci, soit le vaccin, soit un placebo, les autres, c'est-à-dire les sujets qui ne sont pas en état de recevoir une chimiothérapie ou qui la refusent, seront directement inclus dans le bras « vaccin contre placebo ». La phase de recrutement vient de commencer. Elle devrait impliquer pas moins de 59 équipes dans 14 pays.
D'après la communication de J. Vansteenkiste (Louvain) au congrès de l'American Society of Clinical Oncology (Asco).
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