LES MALADIES cardio-vasculaires représentent la première cause de mortalité dans les pays industrialisés et sont en progression dans les pays émergents. Il est aujourd'hui bien établi que l'obésité et la sédentarité sont des facteurs de risques cardio-métaboliques et cardio-vasculaires.
La gestion alimentaire de l'obésité de l'adulte a été traditionnellement prise en charge en se fondant sur des régimes faibles ou très faibles en calories. Cette façon de perdre du poids, apparemment la plus logique, car elle favorise le déficit énergétique, n'a cependant jamais apporté la preuve concrète de sa réussite sur le long terme. Des études récentes ont montré que les régimes restrictifs suivis jusqu'à atteindre une résistance à perdre plus de graisse sont accompagnés de changements adaptatifs qui favorisent probablement un regain de poids à long terme, explique le Pr Angelo Tremblay (Québec, Canada).
Ces adaptations comportent une augmentation des niveaux de faim liée à une variation concordante des concentrations plasmatiques d'hormones ayant une influence sur les comportements alimentaires, une diminution plus forte que prévu de la dépense d'énergie, une hyperconcentration de substances chimiques qui influencent de façon négative les voies produisant de l'énergie, une accentuation de la chute de la glycémie sous le niveau de glycémie à jeun et un risque plus élevé de dépression vraisemblablement lié à cet état.
Une recherche de compromis.
Ces conséquences suggèrent que la prise en charge de l'obésité devrait être planifiée comme une recherche de compromis entre ses effets métaboliques bénéfiques et ses effets déstabilisants sur la régulation de l'équilibre énergétique. Cet objectif ne peut être atteint sans un partenariat fructueux entre les professionnels de santé et l'industrie agroalimentaire.
Ainsi, le menu optimal pour un obèse doit comporter un maximum d'ingrédients favorisant la satiété avec un apport calorique réduit. Ils doivent aussi avoir un goût agréable et être financièrement accessibles pour la plupart des consommateurs, précise le Pr Angelo Tremblay.
L'objectif d'une étude publiée récemment (1) était d'évaluer, chez des sujets de poids normal, les effets immédiats d'une nourriture saine sur l'apport énergétique spontané, la satiété et le goût. Deux repas de 2 090 kj/chacun étaient proposés aux sujets. Les résultats sont encourageants mettant en évidence une diminution spontanée de l'apport énergétique quotidien de 1 700 kj associée à une augmentation des effets de la satiété au moment des repas. De plus, la note d'appréciation du goût dépassait légèrement celle d'un repas témoin au goût agréable. Ces résultats suggèrent qu'il serait possible de faciliter la gestion du régime alimentaire avec le développement d'aliments «fonctionnels». Leur utilisation devrait retarder la survenue de la résistance à perdre plus de graisse chez la personne obèse ayant déjà perdu du poids.
Outre la gestion du régime alimentaire, l'activité physique est essentielle pour induire et maintenir une perte de poids.
Selon le Pr P. A. Mc Cullough (Royal Oak, Etats-Unis), les individus obèses doivent être encouragés à commencer l'exercice physique progressivement, puis à augmenter jusqu'à un niveau optimal ≥ 200 min/semaine, en plus des activités de la vie quotidienne. Les activités physiques devront être réparties entre les activités aérobiques et des exercices de renforcement musculaire. L'exercice aérobique devrait viser 70 % de la fréquence cardiaque maximale prévue et utiliser les principaux groupes de muscles longs des bras et des jambes.
L'augmentation de la masse musculaire.
L'entraînement a pour objectif de développer la force musculaire par des exercices avec des haltères et sur le renforcement des muscles du tronc. L'augmentation de la masse musculaire a plusieurs effets favorables : l'augmentation de la dépense calorique globale sur 24 heures, une meilleure insulinosensibilité et moins de risques de complications après des chutes et autres formes de blessures traumatiques.
Associée à des approches interventionnelles sur le régime alimentaire, une activité physique contrôlée est très efficace sur la prévention du risque de diabète et de maladies cardio-vasculaires, conclut le Pr P. A. Mc Cullough.
(1) Poorttyliet PC, Bérubé-Parent S, Drapeau Y, Lamarche B, Blundelle JE, Tremblay A. « Br J Nutr » 2007 Mar ; 97 (3) : 584-90.
La fondation Coeur et Artères
Au coeur des enjeux de santé publique, la fondation Coeur et Artères reconnue d'utilité publique le 11 mars 2005 s'est fixé pour mission d'amplifier et de valoriser la recherche et la prévention des maladies du coeur et des artères et des désordres métaboliques qui favorisent leur développement : obésité, diabète, dyslipidémie…
L'objectif de cette fondation est donc de faciliter la recherche et l'éducation et de générer des moyens thérapeutiques pour diminuer ce fléau dans notre pays.
Parce que la lutte contre l'épidémie des maladies cardio-métaboliques passe à la fois par une action sur l'équilibre nutritionnel et sur l'innovation thérapeutique et alimentaire, les initiateurs de la fondation Coeur et Artères ont mobilisé des partenaires d'horizons divers : des industries pharmaceutiques et agroalimentaires (aventis-sanofi, Genfit, Servier, Bonduelle, McCain, Danone, Unilever...), des distributeurs (Auchan), des banques (Banque populaire du Nord, Crédit du Nord), l'Institut catholique de Lille...
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