DEPUIS une vingtaine d'années, la prévalence de l'obésité de l'enfant a été multipliée par deux à quatre dans les pays industrialisés. Avec toutes les complications possibles chez les adolescents, notamment le diabète de type 2, le syndrome métabolique, qui persistent une fois arrivés à l'âge adulte.
Nikki Blair et coll. (Auckland, Nouvelle-Zélande) ont mené à bien un grand projet ambitieux pour rechercher les facteurs d'obésité chez les jeunes enfants, « en se focalisant particulièrement sur ce qui peut être modifié ».
Dans le cadre du suivi longitudinal d'une cohorte, ils se sont efforcés de déceler les facteurs biologiques, matériels, socio-économiques et environnementaux en relation avec une obésité chez des enfants néo-zélandais de 0 à 7 ans.
Les mères ont rempli un questionnaire.
L'étude intitulée « Auckland Birthweight Collaborative Study » a porté sur 871 enfants d'origine européenne, enrôlés dès la naissance, recueillant des données sur leurs propres taille et poids avant la grossesse, des informations socio-économiques et sur les facteurs de risque (tabagisme, HTA).
Les enfants ont été revus pour l'étude à 12 mois, 3 ans et 7 ans, pour que soient collectées des données sur leur morphologie et leur développement. Une impédancemétrie bioélectrique (BIA) a été réalisée à l'âge de 7 ans pour évaluer la composition du corps, ce qui a permis de calculer le pourcentage en masse grasse (PMG) du corps.
Une « actigraphie », méthode de mesure originale, était également réalisée à ce terme, avec enregistrement des mouvements du corps 24/24 h, ce qui permet de mesurer l'activité des enfants. Des corrections ont été faites pour les facteurs potentiellement confondants.
Les résultats sont sans ambiguïté : ils soulignent que les facteurs maternels (surpoids, âge), le genre féminin, la sédentarité, les heures passées à regarder la télévision sont associés de manière indépendante à l'existence d'une obésité à l'âge de 7 ans.
Des variables montrant une croissance et/ou une prise de poids rapides sont également associées à un excès d'adiposité à 7 ans : un poids de naissance élevé et une prise rapide de poids dans la petite enfance (0 à 3,5 ans) et plus tard (3,5 à 7 ans) ; une croissance rapide (changement dans les déviations standards) entre 0 et 7 ans.
On trouve une forte corrélation entre le PMG à 3,5 ans et celui à l'âge de 7 ans. Autrement dit, en matière de surpoids chez l'enfant, tout se joue très précocement. Et ces chiffres soulignent l'importance de commencer au plus tôt dans la vie les interventions à visée préventive.
Le poids maternel est un facteur identifié dans de nombreuses études. Mais on ne sait pas si cela intervient via un déterminant génétique, des influences intra-utérines, les habitudes familiales alimentaires. Ou bien un mélange de facteurs.
Des heures passées devant la télévision.
On a également déjà souvent identifié le méfait des heures passées devant la télévision (manque de dépenses énergétiques et excès de « junk food »). Des études ont montré la pérennisation de l'effet : l'obésité acquise par un excès de sédentarité lié à la télévision entre 5 et 15 ans est associée à un surpoids à l'âge de 26 ans. Ce qui se confirme dans de nombreux travaux, comme une étude récente qui montre une relation inverse entre l'activité physique et l'obésité.
«De nombreux enfants sont déjà en bonne voie pour devenir obèses dès l'âge préscolaire», déplorent les auteurs.
La force de l'étude tient dans la précision des résultats grâce à l'utilisation du BIA pour déterminer le pourcentage de masse grasse corporelle. L'IMC semble un paramètre plus intéressant par la suite, alors que la masse grasse est plus représentative aux âges considérés ici, notent au passage les auteurs.
«Notre étude est la première à examiner et à comparer les modes de croissance à différents âges avant 7ans. Nous découvrons que chacune des trois périodes de croissance: postnatale, petite enfance et période moyenne de la petite enfance, représente un moment critique en matière de potentiel à développer une obésité à 7ans.»
« Arch Dis Child », édition en ligne avancée.
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