LE PRÉDIABÈTE, en particulier l'intolérance au glucose, expose non seulement au risque de diabète, mais aussi au risque de pathologies cardio-vasculaires. C'est pourquoi il est si important de dépister très tôt les anomalies du métabolisme glucidique et de les prendre en charge, souligne le Pr Lars Rydén (Suède).
GAMI et Euro Heart Survey.
L'étude GAMI (1) publiée en 2002 révélait que les deux tiers des 181 patients admis en unités de soins intensifs pour infarctus du myocarde avaient un prédiabète ou un diabète de type 2 méconnu avant leur hospitalisation. Trois mois après leur sortie de l'hôpital, 60 % avaient encore une dysglycémie et une intolérance au glucose suggérant que cette anomalie n'était pas la conséquence du stress lié à l'accident coronaire aigu.
En 2004, Bartnik et coll. (2) signalaient deux fois plus d'intolérance au glucose chez les patients hospitalisés pour infarctus du myocarde que chez des témoins.
L'étude Euro Heart Survey (3) a confirmé ces données après étude d'une cohorte de 4 961 patients hospitalisés pour accident coronaire aigu stable ou instable. En comptabilisant les diabétiques de type 2 connus (31 %) et les patients ayant une dysglycémie découverte au cours de l'hospitalisation (prédiabète ou diabète diagnostiqués avec un test de tolérance au glucose par voie orale), seulement 29 % des patients avaient un métabolisme glucidique normal. Dans ces deux études menées à long terme (GAMI : 34 mois ; Euro Heart Survey : 1 an), il apparaît qu'une dysglycémie nouvellement diagnostiquée est associée à une augmentation du risque d'événements cardio-vasculaires.
ESC et Easd.
Les guidelines conjointes de la Société européenne de cardiologie (ESC) et de l'Association européenne pour l'étude des diabètes (Easd) recommandent de faire un test de tolérance au glucose oral pour dépister une dysglycémie chez les patients hospitalisés pour infarctus du myocarde et chez tous les patients atteints de maladie cardio-vasculaire.
La récente étude China Heart Survey (4), dont les résultats ont été présentés par le Pr Chang Yu-pan (université de Beijing Chine), confirme l'intérêt d'un test de tolérance au glucose par voie orale pour dépister les troubles métaboliques chez les patients atteints de maladies cardio-vasculaires. En dosant seulement la glycémie à jeun, 81 % des diabétiques de type 2 et 87 % des patients ayant un prédiabète ont échappé au diagnostic.
Or les patients porteurs d'un prédiabète sont à plus haut risque de développer un diabète type 2 et des maladies cardio-vasculaires que les patients dont la tolérance au glucose est normale. Le Pr Chang Yu-pan rappelle les données de différentes études montrant que le risque de développer un diabète est plus élevé chez les patients « prédiabétiques » avec une intolérance au glucose que ceux dont la glycémie à jeun est anormale et que le risque de progression du diabète augmente de façon linéaire avec l'augmentation des taux de glycémie plasmatique deux heures après l'ingestion de glucose.
Les grandes métaanalyses réalisées en Europe (DECODE Group Study diabetes Care 2003) et en Asie (Nakagami T Diabetologia 2004) ont aussi démontré que le risque de mortalité cardio-vasculaire et de mortalité toutes causes était augmenté chez les sujets intolérants au glucose alors que le lien entre hyperglycémie à jeun et risque cardio-vasculaire était plus ténu.
En outre, l'étude DECODE met en évidence une relation linéaire entre la mortalité et l'élévation de la glycémie deux heures après une charge en glucose à tous les stades de la « maladie glucidique ».
Le dépistage et la prise en charge d'une dysglycémie est donc d'une importance majeure en particulier chez les patients atteints de maladie cardio-vasculaire, conclut le Pr Chang Yu-pan.
Barcelone, 2e Congrès international Prédiabète et syndrome métabolique. Conférence de presse organisée par Bayer Schering Pharma et présidée par le Pr Pierre Lefebvre (Belgique).
(1) Norhammar A et coll. Lancet 2002 ; 359 : 2140-4.
(2) Bartnik M et coll. J Intern Med 2004 ; 256 : 288-97.
(3) Bartnik M coll. Eur Heart J 2006 ; 27 (24) : 2959-74.
Glucobay (acarbose)
En inhibant de manière compétitive et réversible les alpha-glucosidases au niveau de la bordure en brosse de l'intestin grêle, l'acarbose ralentit la réabsorption des hydrates de carbone et, de ce fait, réduit les taux de glycémie postprandiale sans entraîner d'hyperinsulinémie ni d'augmentation de poids. De plus, l'acarbose permet de réduire le risque de complications cardio-vasculaires à tous les stades des anomalies métaboliques.
A l'occasion du 2e Congrès Prédiabètes et syndrome métabolique, Bayer Schering Pharma a annoncé le lancement d'un vaste essai destiné à évaluer les effets de Glucobay (acarbose) sur la prévention du diabète de type 2 et la récidive d'événements cardio-vasculaires chez environ 7 500 sujets ayant une affection cardio-vasculaire et un prédiabète. Les résultats définitifs sont attendus en 2013.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature