Détection d'une hématurie
Afin de préciser si un dépistage du cancer de la vessie par réalisation de tests urinaires simples permettant de détecter une hématurie est envisageable à grande échelle, une équipe de chercheurs de Rochester a mis en place dès 1987 une étude sur 1 575 hommes âgés de plus de 50 ans sans antécédents d'hématurie ni de cancer de la vessie. Les participants effectuaient un fois par semaine entre le moment de l'inclusion (1987-1989) et l'année 1992 un test rapide urinaire afin de détecter la présence – visible ou non – de sang dans les urines. Au cours du suivi, 16,4 % des participants (258) ont présenté au moins un épisode d'hématurie. Tous ont été adressés à un urologue et, lorsque le spécialiste l'estimait nécessaire, des examens complémentaires ont été réalisés. Au total, 21 des sujets dépistés était atteints de cancer de la vessie et tous ont été traités.
Le Dr Edward Messing a ensuite comparé les caractéristiques histopathologiques et le devenir de ces patients avec celui de sujets atteints de cancers de la vessie aux mêmes stades découverts sans dépistage et qui avaient été soignés dans le Wisconsin au cours de l'année 1988. La proportion de cancers non invasifs au moment du diagnostic était identique dans les deux groupes mais celle des tumeurs de stade au moins T2 était plus importante de 60 % dans le groupe tout-venant. Le dépistage par recherche systématique d'une hématurie est particulièrement efficace pour détecter des tumeurs de petite taille : 90 % des cancers pris en charge ont été classés comme inférieurs à T2.
A l'issue des quatorze années de suivi, aucun des patients ayant été détectés n'était décédé des suites de sa maladie alors que, dans la population tout-venant, l'incidence des décès s'établissait à 20,4 %.
Pour le Dr Messing, «bien que la taille de cette étude soit assez réduite et qu'elle n'ait pas été réalisée en incluant un groupe contrôle, elle prouve qu'un dépistage du cancer de la vessie pourrait être envisageable, et ce d'autant plus qu'il existe aujourd'hui de nouveaux marqueurs qui pourraient être utilisés de façon ciblée chez les patients présentant une hématurie à l'examen de dépistage systématique».
Quatre marqueurs
Le Dr Badrinath Konety (San Francisco) a présenté les dernières données sur les quatre marqueurs des cancers de la vessie actuellement disponibles : deux marqueurs de protéine disponibles sous forme qualitative et quantitative (BTA et NMP22) et deux marqueurs cellulaires (UroVysion FISH et ImmunoCyt). Si la sensibilité globale de ces tests est comparable à celle de la recherche cytologique de cellules malignes dans l'urine, leur sensibilité reste moindre et le nombre de faux positif assez élevé. Ainsi, en présence d'une inflammation, d'une hématurie importante ou dans les suites d'une BCG-thérapie, les marqueurs protéiques peuvent se révéler faussement positifs.
– Le NMP-22 permet de détecter une protéine nucléaire mitotique impliquée dans la distribution de la chromatine aux cellules filles. Sa sensibilité est estimée entre 31 et 92 % selon les études et sa spécificité est comprise entre 51 et 94 %. Le taux de NMP-22 est corrélé à la taille de la tumeur. Ce test, qui permet même de détecter des récidives tumorales de petite taille, pourrait être utilisé avant la réalisation d'une cystoscopie.
– Les test BTA qualitatifs et quantitatifs détectent la protéine H du complément produite par les cellules néoplasiques. Actuellement, les résultats inconstants des études à large échelle menées en comparant ces tests avec la réalisation d'examens cytologiques urinaires ont conduit à une moindre utilisation de cette technique.
– Le test UroVysion détecte par hybridation insitu les anomalies chromosomiques sur les chromosomes 3, 7 et 17 ainsi que la perte du locus 9q21. Sa sensibilité a été estimée, selon les études, à 73-81 % et sa sensibilité de 96 à 100 %.
– Enfin, le test ImmunoCyt utilise trois anticorps dirigés contre trois antigènes spécifiques (19A211, LDQ10 et M344). Ce test d'une sensibilité de 34 à 92 % et d'une spécificité de 62 à 84 % est actuellement pratiqué en complément de l'analyse cytologique urinaire. Grâce au couplage des deux tests, la sensibilité de la cytologie est améliorée de 15 à 48 % sans incidence sur la spécificité.
Une session du 29e Congrès de la Société internationale d'urologie.
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