SI LE TABAGISME reste le facteur de risque le plus important dans les pays à hauts et moyens revenus, on s'aperçoit que plus de 15 % des cas de Bpco surviennent chez des personnes qui n'ont jamais fumé.
Dans les pays à faibles ressources, les pollutions à l'intérieur provenant de combustibles issus de la biomasse, utilisés pour la cuisine et le chauffage, sont à l'origine d'un nombre significatif de cas.
L'étude BOLD (Burden Of Obstructive Lung Disease) a été menée pour estimer la prévalence de la Bpco à l'échelle mondiale chez les adultes de plus de 40 ans, à l'aide de méthodes standardisées. Le groupe (A. Sonia Buist et coll.) rappelle, en préambule, que l'OMS a publié des chiffres montrant que la maladie constituait la cinquième cause de décès dans le monde en 2001 et risque de se trouver en troisième position en 2020.
L'usage continu du tabac.
Le poids croissant de la Bpco est dû, pour une part, au vieillissement de la population et, pour une autre, à l'usage continu du tabac. Selon l'OMS toujours, l'importance de la maladie serait sous-estimée.
Ce que confirment les résultats de BOLD, pour laquelle a été examinée une population de 9 452 personnes dans 12 sites*. Il existe une hétérogénéité d'un site à l'autre et entre les sexes à l'intérieur d'un même site, ce qui s'explique par les schémas de consommation tabagique. Néanmoins, d'une manière constante dans l'étude, la prévalence est plus élevée et la gradation du syndrome montre des états plus avancés que ce qui est habituellement rapporté.
Les participants ont eu une spirométrie, après administration d'un bronchodilatateur, et ils ont rempli un questionnaire pour explorer de manière détaillée les symptômes, les facteurs de risque et des détails sur la vie professionnelle et courante.
La prévalence des stades II (Vems/CV < 0,7, signant une irréversibilité de la dilatation bronchique) ou supérieurs est de 10,1 % (11,8 % pour les hommes et 8,5 % pour les femmes). Les odds ratio pour les augmentations par tranches de dix années de vie sont similaires dans les différents sites dans les deux sexes (globalement 1,94, soit quasiment un doublement).
Chez les individus de 70 ans et plus, la prévalence des Bpco à des stades II ou plus excède les 20 % dans 9 sites pour les hommes et dans 7 sites pour les femmes.
L'étude confirme le lien entre le nombre de paquets-années de cigarettes fumées et l'augmentation des cas. Pour les femmes, il existe des variations importantes de consommation tabagique entre les sites, alors que la consommation est similaire pour les hommes.
«D'une manière générale, la prévalence s'accroît avec l'augmentation du nombre de paquets-années et la prévalence chez les plus de 40ans qui n'ont jamais fumé tend à être similaire à celle de fumeurs exposés entre un et 10paquets-années.»
Le poids social et économique de la Bpco est modeste pour les stades I, il augmente ensuite régulièrement et parallèlement à la sévérité de la maladie.
D'autres facteurs de risque identifiés.
Des facteurs de risque autres que le tabac se découvrent. Au Cap, où la prévalence des stades II est la plus élevée, la tuberculose s'est ajoutée au tabagisme pour expliquer ce fait. Les expositions à des polluants professionnels rendent compte aussi de la prévalence élevée du Cap, de Cracovie, de Lexington et de Manille.
Des facteurs génétiques semblent avoir un rôle, en particulier chez les femmes. Mais l'étude ne confirme ni n'infirme la notion d'une sensibilité accrue à la maladie chez les femmes pour une exposition équivalente à un facteur de risque.
Certains auteurs évoquent des facteurs intervenant dans la vie très précoce, qui pourraient être déterminants de la fonction pulmonaire (comme la privaton alimentaire ou l'exposition au tabagisme).
* Sites situés dans les villes de Vancouver, Hanovre, Bergen, Reykjavik, Adana (Turquie), Salzbourg, Sydney, Cracovie, Manille, Lexington (Etats-Unis) et Le Cap.
Ravages du tabagisme passif en Chine
Par la démesure de la population, l'épidémiologie chinoise aboutit à des données tout aussi démesurées. C'est ainsi qu'à partir d'une étude menée à Guangzhou, P. Yin (Birmingham, Royaume-Uni) et coll. ont estimé que le tabagisme passif serait responsable annuellement de 1,9 million de décès en excès par Bpco.
Les 60 % de Chinois non fumeurs sont exposés à des taux élevés d'inhalation de fumée, dans la mesure où les mesures restrictives sont faibles en Chine. Dans l'étude auprès de plus 15 000 non-fumeurs (n'ayant jamais fumé), plus de 50 % étaient soumis à un tabagisme passif, dont 28 % à un taux élevé (40 h d'exposition hebdomadaire, plus de 5 ans). Sur la totalité des décès et chez ceux n'ayant jamais fumé, quelque 11,6 % sont la conséquence d'une Bpco. Si aucune mesure préventive du tabagisme n'est prise, le calcul montre que, parmi les 240 millions de Chinois de plus de 50 ans, l'exposition passive élevée à la fumée de cigarette aboutirait à 1,9 million de décès en excès par Bpco chez les non-fumeurs.
« The Lancet » 2007 ; 370 : 751-757.
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