LES RÉSULTATS intermédiaires de l'étude PATRICIA (PApilloma TRIal against Cancer In young Adults), évaluant l'efficacité d'un vaccin bivalent contre les HPV16 et 18, confirment les données d'études antérieures. C'est-à-dire une efficacité très élevée en prophylaxie des lésions CIN2 (néoplasie intraépithéliale cervicale) associées à ces deux types viraux. Il peut en conséquence être utilisé en prévention du cancer cervical. D'autant que les HPV16 et 18 sont impliqués dans au moins 70 % de ces cancers.
PATRICIA est un vaste essai multicentrique international (14 nations) de phase III réalisé avec la préparation vaccinale des Laboratoires GSK. Il s'agit d'un candidat vaccin conçu à partir de particules ressemblant à des virus (virus like particle) L1, associant l'adjuvant AS04. Entre mai 2004 et juin 2005, deux groupes de jeunes femmes de 15 à 25 ans ont été composés. L'un, de 9 258 participantes, a reçu le vaccin bivalent ; l'autre, de 9 267 personnes, à titre de témoin, a reçu un vaccin hépatite A. Jorma Paavonen (Helsinki, Finlande) et coll. précisent que la cohorte comportait des femmes porteuses d'infection par un ou plusieurs HPV, ou de lésions cervicales.
L'objectif principal de l'étude était de contrôler la prévention des lésions CIN2 dues à ces deux virus, chez des femmes indemnes des virus à l'inclusion (séronégativité, absence d'ADN viral). La décision d'analyse intermédiaire devait être prise lorsque 23 lésions CIN2 dues aux HPV16 et 18 seraient relevées dans la cohorte.
Le suivi des participantes était de 14,8 mois.
Au moment de cette analyse intermédiaire, la durée moyenne de suivi des participantes était de 14,8 mois. Dans le groupe vacciné, deux cas de CIN2, dus aux HPV16 et 18, ont été notés et 21 dans le groupe contrôle. Sur ces 23 femmes, 14 étaient porteuses de lésions liées à plusieurs virus (2 dans le groupe vaccinal, 12 parmi les témoins). L'efficacité vaccinale est estimée à 90,4 %. Toutefois, en raison de la présence de participantes déjà infectées par un ou plusieurs HPV à l'enrôlement, il semble bien que les HPV16 et 18 découverts n'étaient pas responsables des lésions mises en évidence. En excluant ces cas, l'efficacité vaccinale est portée à 100 %.
Ce dernier taux rejoint celui d'une étude antérieure menée dans une population de jeunes femmes indemnes de HPV. Après vaccination complète, l'efficacité a été totale sur une période de suivi de 4,5 ans, avec persistance d'un taux élevé d'anticorps contre les HPV16 et 18.
Efficacité croisée avec HPV45 et 31.
Enfin, une efficacité croisée est notée dans la protection contre les HPV45 et 31, types viraux très homologues. Ajoutés aux types 16 et 18, ils sont responsables de 80 % des cancers du col. Une protection semble également possible contre l'HPV52, mais elle ne semble pas se maintenir dans le temps.
En ce qui concerne la tolérance, les auteurs ne relèvent pas de différence significative entre les deux groupes de participantes. Un avis que ne partagent pas complètement deux éditorialistes, J. A. Kahn (Cincinnati) et R. D. Burk (New York), qui relèvent un peu plus de réactions locales, générales (arthralgies, asthénie, myalgies), ainsi qu'un léger risque de fausse couche spontanée. Ces médecins précisent aussi que l'objectif idéal de cette étude devrait être la réduction de l'incidence des cancers cervicaux. Comme cela est inacceptable éthiquement, les lésions CIN2 ont été retenues. Cependant, alors que l'HPV16 est mis en évidence dans 50 % des lésions CIN3, l'HPV18 est souvent absent des lésions cervicales CIN2 ou 3. Aussi, pour ce type viral, l'évaluation devrait se fonder plutôt sur la recherche de la persistance virale.
« Lancet » édition avancée en ligne, DOI : 10.1016/S0140-6736(07) 60946-5.
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