DÈS LEUR stade précoce de développement, les cancers de la prostate hormono-résistants ont une tendance nette à disséminer au sein de la moelle osseuse. Ces greffes de cellules cancéreuses peuvent conduire à l'apparition de métastases squelettiques douloureuses, de fractures osseuses, de compression médullaire, de fractures pathologiques ou de pancytopénie. Différentes options thérapeutiques ont été proposées : les bisphosphonates (en particulier le zoledronate) et certains radio-isotopes à tropisme osseux tels que le Sr 89 ou l'EDTMP 153 Sm. Ces radio-isotopiques délivrent localement des radiations bêta, mais leur utilisation est à l'origine d'une irradiation locale importante et peut s'accompagner d'effets toxiques sur la moelle osseuse.
Le radium 223, radio-isotope émetteur alpha, se fixe préférentiellement sur les os. Sa demi-vie est estimée à 11,4 jours. Des études animales ont confirmé son action préférentielle sur l'os et ont montré qu'elle n'expose pas les tissus avoisinants à la délivrance d'une importante irradiation. Dans des modèles murins, le radium 223 permet d'agir sur les métastases osseuses de différents types de cancers. Chez l'homme, une étude préliminaire a permis de déterminer la posologie optimale à tester dans les indications osseuses (50 kBq/kg).
Le travail mis en place par le Dr Sten Nilsson (Stockholm) avait pour but de tester contre placebo l'efficacité d'un traitement intraveineux de radium 223 chez 64 hommes atteints de tumeur prostatique hormono-résistante à dissémination osseuse. Les patients ont été traités par une radiothérapie externe localisée sur les lésions osseuses associée ou non avec quatre injections intraveineuses à quatre semaines d'intervalle de Ra 223 à la dose de 50 kBq/kg (33 patients). Les auteurs ont analysé les modifications du taux sanguin de phosphatases alcalines osseuses, l'apparition d'événements indésirables toxiques, les modifications du taux sanguin de PSA et la survie globale.
Phosphatases alcalines osseuses.
«A l'issue du traitement, le taux sanguin de phosphatases alcalines osseuses était abaissé de 65,6% dans le groupe radium contre une majoration de 9,3% dans le groupe de référence», analyse le Dr Nilsson. Le délai médian avant l'apparition d'un événement osseux s'est établi à 14 semaines pour le groupe Ra 223 contre 11 semaines pour les témoins. Le taux sanguin de PSA était abaissé de 23,8 % dans le groupe radium quatre semaines après la fin du traitement alors qu'il était augmenté de 44 % dans le groupe placebo.
L'analyse de la toxicité hématologique n'a pas retrouvé de différence entre les deux groupes. En revanche, les patients sous Ra 223 avaient une tendance plus marquée à la constipation bien qu'aucun des sujets inclus n'ait dû suspendre son traitement à cause des troubles gastro-intestinaux. La médiane de survie des patients traités s'est établie à 65,3 semaines dans le groupe traitement actif contre 46,4 semaines chez les témoins.
Pour les auteurs, «le radium223 pourrait être utilisé en combinaison avec certaines chimiothérapies telles que le docétaxel de façon séquentielle ou continue en première ligne de chimiothérapie. On peut aussi envisager de l'utiliser dans le traitement de métastases d'autres cancers à tropisme osseux».
« The Lancet Oncology », publication en ligne
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