AU MOMENT de la naissance, les grands prématurés n'ont pas achevé leur organogenèse. Depuis une vingtaine d'années, on traite l'immaturité pulmonaire par injection de surfactant, ce qui a permis aux nouveau-nés de passer le cap difficile des premiers jours de vie. Mais d'autres organes – le rein ou le pancréas – peuvent être affectés par une naissance précoce. Aujourd'hui, 95 % des enfants de moins de 1 000 g survivent, contre moins de 5 % dans les années 1960. Le nombre des enfants nés avec un petit poids a augmenté progressivement depuis les années 1980 et on dispose aujourd'hui de cohortes d'anciens grands prématurés. L'équipe du Dr Petteri Hovi (Helsinki) a analysé plusieurs paramètres métaboliques, cardio-vasculaires et rénaux de 163 adultes âgés de 18 à 27 ans qui étaient nés avant terme et il les a comparés à ceux de 169 sujets appariés de même âge qui n'avaient pas présenté d'hypotrophie au moment de leur naissance.
La mesure de la glycémie deux heures après la prise de glucose était en moyenne plus élevée de 6,7 % chez les adultes nés avec un faible poids par rapport aux témoins. De façon similaire, l'insulinémie à jeun était majorée de 16,7 % chez ces sujets et l'indice de résistance à l'insuline déterminée par un modèle homéostatique était supérieur de 18,9 % chez les adultes nés avec un petit poids. Enfin, leur pression artérielle systolique était en moyenne supérieure de 4,8 points.
Malnutrition intra-utérine.
Dans un éditorial, le Dr Julie Ingelfinger analyse les mécanismes physiopathologiques qui pourraient conduire à une majoration du risque d'hypertension et de diabète chez les adultes nés grands prématurés. D'une part, il peut exister une malnutrition intra-utérine qui oblige le foetus au cours de son développement à une adaptation des dépenses énergétiques afin de favoriser la croissance du système nerveux central. Les principaux organes qui souffrent de la redistribution des ressources énergétiques sont le rein, le foie et le muscle.
Néphrogenèse inachevée.
Par ailleurs, on estime que la néphrogenèse n'est achevée qu'entre la 34e et la 38e semaine. Au cours du séjour en réanimation néonatale, certains des médicaments utilisés sont éliminés par voie urinaire et peuvent se révéler néphrotoxiques chez des enfants dont la croissance rénale est inachevée. La question d'une implication de modifications survenues au sein de l'axe hypothalamo-pituitaire pendant la période utérine est aussi évoquée puisqu'elle pourrait influer sur les taux circulants de substances vasoactives telles que le système rénine-angiotensine. Enfin, le stress oxydatif néo-natal pourrait aussi jouer un rôle en favorisant une prédisposition à l'obésité et à une mauvaise régulation glycémique. On sait en effet que les réactifs oxydés interfèrent avec le métabolisme mitochondrial et pourrait être indirectement à l'origine de modifications de l'appétit et des besoins énergétiques.
« New England Journal of Medicine », vol. 356 ; 20, pp. 2053-2063 et 2093-2095, 17 mai 2007.
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