LE PATIENT est un homme de 23 ans, arrivé à un stade de cécité quasi totale. La tentative a consisté en l'injection sous la rétine d'un promoteur du gène humain défectueux, RPE65 (Retinal Pigment Epithelium), par l'intermédiaire d'un AAV 2 (Adeno-Associated Virus). Ce patient serait le premier d'un essai clinique de phase I-II. Les résultats initiaux ne seront pas connus avant plusieurs mois.
Cette première scientifique a, bien sûr, été précédée de travaux précliniques. Ils ont été réalisés en France. En octobre dernier, l'équipe de Fabienne Rolling (Inserm U 649, Nantes) publiait le succès de cette thérapie génique chez des chiens briards (« le Quotidien », du 6 octobre 2006). R. Ali était cosignataire du travail. Il faut savoir que le médecin britannique a développé l'AAV de type 2, tandis que l'équipe française avait travaillé sur un AAV de type 4. « L'AAV4, explique Fabienne Rolling, ne vise que les cellules rétiniennes malades, alors que l'AAV2 a une action plus diffuse. La réglementation moins contraignante au Royaume-Uni a permis à Robin Ali de réaliser cet essai clinique. Les essais de toxicité ont pu être réalisés plus rapidement. En France, nous ne pourrons pas passer à des essais chez l'humain avant 2009. Ils seront réalisés avec de l'AAV4. Nos études de biotoxicité, notamment chez l'animal, sont encore à mettre en place. On ne peut se permettre un échec. »
L'amaurose congénitale de Leber est une rétinite pigmentaire qui se traduit par une atrophie irréversible de la rétine. Schématiquement, elle se décrit comme une mauvaise communication entre les photorécepteurs rétiniens et l'épithélium pigmentaire de la rétine.
Plusieurs mutations concernant huit gènes sont impliquées dans cette affection. Parmi eux, les chercheurs ont identifié le gène RPE65 qui code pour une protéine spécifiquement exprimée dans l'épithélium rétinien. Cette protéine participe à la synthèse d'un pigment indispensable à la vision : le chromophore 11-cis retinal.
Promoteur du gène RPE65 humain.
Ce qui est attendu chez le patient britannique est similaire a ce qu'ont montré les travaux français chez le chien avec l'AAV 4. Dans cet essai animal, ce vecteur viral, équipé du promoteur du gène RPE65 humain, a dirigé l'expression du transgène dans l'épithélium rétinien. F. Rolling et son équipe avaient précisé que, en utilisant un promoteur spécifique du gène RPE65 et non pas un promoteur viral, elles s'étaient préservées du risque de complications éventuelles, notamment au niveau de la biosécurité. Chez les chiens traités, une restauration de fonction des photorécepteurs a été mise en évidence par la réapparition d'une activité électrique rétinienne, et aussi par le succès sur des parcours d'obstacles.
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