C'EST LA PREMIÈRE publication d'une comparaison de la qualité de l'ADN des spermatozoïdes chez des diabétiques de type 1 (DM) et chez des hommes non diabétiques.
Les chercheurs de Belfast (Irlande du Nord) montrent qu'il y a davantage de fragmentation de l'ADN des noyaux des spermatozoïdes chez les diabétiques (52 %) que chez les non-diabétiques (32 %). Ils trouvent également plus de délétions dans l'ADN mitochondrial dans ce groupe de diabétiques.
L'équipe de Ishola Agbaje et coll., qui publie ce travail dans « Human Reproduction », rappelle que le diabète de type 1 augmente d'environ 3 % par an en Europe pour des raisons non élucidées. L'alimentation et l'obésité peuvent expliquer l'augmentation du diabète tardif, de type 2, mais ces facteurs n'interviennent pas sur le déclenchement du diabète de type 1.
Différentes hypothèses sont proposées, comme des facteurs génétiques qui augmentent la susceptibilité des individus à des facteurs de l'environnement ; ou bien l'intervention de virus qui déclenchent le diabète.
Quoi qu'il en soit, un nombre croissant de jeunes hommes sont porteurs d'un diabète de type 1 pendant les années de leur vie reproductive.
Par ailleurs, l'infertilité représente également un problème croissant, qui concerne pratiquement 17 % des couples (un sur six) dans les pays industrialisés comme dans les pays du tiers-monde. On constate une réduction de la qualité du sperme depuis cinquante ans.
L'accroissement de maladies systémiques, comme le diabète, peut contribuer à l'augmentation de l'infertilité, sachant que ces maladies rentrent en compte dans 40 à 50 % des cas d'infertilité.
Agbaje et coll. ont examiné le sperme de 27 hommes diabétiques d'un âge moyen de 34 ans, et de 29 hommes non diabétiques (âge moyen de 33 ans, soumis à des examens de routine pour infertilité).
Les résultats montrent plusieurs éléments témoignant d'une moindre qualité du sperme. Le volume moyen du recueil est réduit chez les hommes porteurs d'un diabète : 2,6 ml contre 3,3 ml. On ne note pas de différences entre les spermatozoïdes des deux groupes en termes de concentration, de motilité, de forme et de structure.
ADN nucléaire et ADN mitochondrial.
L'évaluation des fragmentations de l'ADN nucléaire montre des différences significatives (p < 0,0001). L'étude de l'ADN mitochondrial montre aussi des dégâts plus fréquents chez les porteurs d'un diabète. Dans le groupe des diabétiques, on en trouve entre 3 et 6 (4 en moyenne), tandis que dans le groupe témoin, il en existe entre 1 et 4 (3 en moyenne).
Les auteurs rapprochent leurs résultats d'études antérieures, où l'on avait montré que l'ovocyte est capable de réparer des anomalies de l'ADN des spermatozoïdes dans une certaine mesure.
Mais «le nombre des fragmentations au-delà d'un certain seuilpeut avoir pour conséquence uneaugmentation des fausses couches précoces (pertes embryonnaires) ou plus tardives. Dans le contexte de la conception spontanée, la qualité de l'ADN des spermatozoïdes est moins bonne chez les couples qui consultent pour des fausses couches».
« Human Reproduction », édition avancée en ligne.
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