LA LOI de santé publique du 9 août 2004 prévoyait des consultations médicales de prévention pour éviter l'apparition et l'aggravation des maladies et des incapacités chez les personnes âgées de plus de 70 ans. Cette option a été confirmée par le plan Solidarité grand âge de 2006 et un groupe de travail présidé par les Prs Claude Jeandel et François Piette a été mis en place pour définir les mesures à prendre et les modalités de leur application. Un prétest effectué fin 2006 sur des groupes limités de patients et de médecins a considéré que les mesures proposées étaient satisfaisantes. Un test en situation réelle est en cours dans la région Aquitaine et dans trois départements (Finistère, Bas-Rhin et Val-de-Marne) impliquant 180 patients et 30 médecins volontaires. Dans une troisième phase, l'action sera appliquée à toute la population de 70 ans dans ces trois départements pilotes. Enfin, la consultation de prévention à 70 ans sera généralisée en France dans les mois qui viennent et sera modulée en fonction des difficultés rencontrées. Elle sera accompagnée d'une campagne de médiatisation soulignant l'avantage pour les personnes âgées de 70 ans de participer activement à cette opération de prévention. Au niveau de chaque département, un comité de pilotage (Copil) sera défini avec les Ddas, le conseil général, les caisses... et les modalités de formation des médecins participant à cette action de prévention seront précisées.
Quelle formation, quel budget ?
Si les maladies du 3 e âge sont toujours aussi nombreuses, elles sont mieux maîtrisées et l'âge d'entrée dans la dépendance recule. La consultation de prévention à 70 ans se propose de « booster » cette évolution, affirme le Pr Piette, en insistant sur l'aspect humaniste et pas seulement économique de cette action de prévention. Au départ, la consultation visait les sujets de plus de 70 ans. En fait, dans un premier temps, seuls les sujets de 70 ans seront ciblés, qu'ils soient ou non en ALD mais non hospitalisés (soins de longue durée ou Ehpad). «Ce projet, conclut le Pr Piette, a un intérêt certain, il reste à préciser quel sera le budget accordé à la formation des médecins, le degré d'engagement des Copil, l'accessibilité des ressources identifiées par le médecin et la motivation des professionnels pour s'investir auprès des personnes de 70ans.»
La consultation de prévention à 70 ans n'est pas obligatoire, elle est gratuite et repose sur un autoquestionnaire rempli par le patient avant la consultation. Les caisses informeront par courrier les assurés dans leur 70 et 71e année de l'intérêt de cette consultation et de la possibilité d'obtenir un autoquestionnaire auprès de leur médecin ou en renvoyant une carte T. Les patients qui auront répondu positivement recevront le questionnaire et un guide leur permettant de le remplir de façon adéquate.
Le questionnaire comprend une batterie de questions simples sur le mode de vie du sujet et sur son état de santé. Munis du questionnaire dûment rempli, les patients prendront rendez-vous pour « la consultation de prévention » avec leur médecin traitant. Le médecin recevra un guide technique sur les différents aspects à prendre en compte lors de cette consultation dont la durée est évaluée à 45 minutes.
La consultation a pour objectif de réaliser un bilan global dépassant largement les pathologies pour lesquelles le patient est habituellement suivi. Le repérage des troubles associés au vieillissement et à la qualité du mode de vie informera sur le handicap moteur, psychique et sensoriel : équilibre et posture, mémoire, thymie, audition, vision, nutrition, continence, mais aussi isolement, aide de vie... Il renseignera de façon exhaustive sur les facteurs de risque de dépendance. Un examen clinique systématique et des tests simples préciseront les anomalies signalées par le patient. Un guide énumérant les ressources territoriales sanitaires et sociales pouvant être proposées au patient sera fourni par les caisses. Il aidera le médecin à choisir les solutions les mieux adaptées à chaque patient.
Le problème démographique.
C'est au médecin traitant et donc au médecin généraliste que reviendra la responsabilité d'effectuer la consultation de prévention à 70 ans dans la plupart des cas. Si cette mesure a un intérêt évident pour le patient, Michel Landais, médecin généraliste, émet quelques réserves quant à son applicabilité et à la surcharge de travail qu'elle implique pour le médecin.
En effet, on évalue à 7 millions le nombre de personnes âgées de plus de 70 ans en France (environ 12 % de la population) et à 67 000 le nombre de médecins généralistes libéraux, soit environ 1 médecin pour 100 patients ! De plus, il est de notoriété publique que la démographie médicale est très variable selon les régions. Ainsi, certains départements du centre de la France comptent moins de médecins, mais beaucoup plus de personnes âgées que la moyenne nationale. «Il est sans aucun doute utile de repérer les troubles liés au vieillissement, de prévenir les facteurs de dépendance et de revisiter le dossier médical de ces patients souvent polymédiqués, mais sera-t-il possible de mettre en place les moyens sociaux, médicaux et financiers nécessaires à leur concrétisation?», s'inquiète le Dr Landais. Un sujet encore en discussion : le codage 3C affecté à la consultation de prévention à 70 ans.
« La consultation de prévention à 70 ans » session présidée par les Prs C. Jeandel (Montpellier) et F. Piette (Ivry-sur-Seine) avec la participation des Drs H. Treppoz, M. Landais et A. Plotegher
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