ENCORE une étude qui devrait inciter l'industrie agroalimentaire à modifier la composition de la plupart des recettes actuellement commercialisées. Le suivi sur dix à quinze ans d'adultes de 30 à 54 ans atteints de préhypertension (pression diastolique moyenne de 80-89 mmHg) permet en effet d'affirmer qu'un régime contenant de 20 à 30 % de sodium en moins que l'alimentation habituelle abaisse le risque de pathologies cardio-vasculaires de façon significative (moins 20 % environ).
Le travail mis en place par l'équipe du Dr Nancy Cook (Boston) permet de préciser l'effet à long terme des régimes limités en sodium, dans un contexte où l'ensemble des autorités sanitaires des pays développés incite l'industrie agroalimentaire à modifier de façon drastique ses recettes traditionnelles. Aux Etats-Unis, il a été implicitement demandé aux principaux fabricants de réduire de 50 % la quantité de sel ajoutée aux aliments.
Choisir des aliments.
L'étude TOHP-1 a commencé en 1987. Les 744 personnes incluses ont été divisées en deux groupes : l'un a suivi son régime alimentaire habituel ; les participants de l'autre ont été conseillés par des diététiciens afin de choisir des aliments qui leur permettent de réduire leur consommation quotidienne de sel de 20 à 30 % sur une durée de 18 mois. La seconde partie de l'étude, TOHP-2, a eu lieu entre 1990 et 1995. Là encore, il s'agissait de comparer deux groupes de préhypertendus dont l'un consommait une quantité réduite de sel.
Le Dr Cook estime que, au cours de l'étude, les participants de la première phase ont en moyenne réduit leur consommation de sel de 44 mmol/24 h et ceux de la seconde de 33 mol/24 h. Dans un premier temps, les auteurs ont analysé les modifications tensionnelles obtenues par une modification de régime alimentaire et ils n'ont pu conclure à un effet significatif d'un régime limité en sodium.
En 2004-2005, les participants des deux études ont été interrogés, par courrier ou par téléphone, sur leur consommation de sel, après la fin de leur étude initiale. Au total, 65 % des personnes contactées ont répondu. Qu'ils aient été ou non inclus dans le groupe alimentation réduite en sodium, les participants ont réduit leur consommation en sel : de façon très importante pour, respectivement, 48 % des sujets du premier groupe et 32 % des sujets du second ; de façon importante pour 71 et 64 % des participants. Près de la moitié des personnes qui avaient bénéficié des conseils de diététiciens ont déclaré choisir des aliments à quantité réduite de sodium, en analysant la composition rapportée sur les étiquettes.
Trente-cinq dans le groupe allégé en sodium et 42 dans l'autre.
Au total, 67 des personnes incluses dans l'étude sont décédées au cours du suivi : 35 dans le groupe régime allégé en sodium et 42 dans le groupe comparateur. Le nombre total d'accidents cardio-vasculaires s'est, pour sa part, établi à 124 : 76 infarctus du myocarde, 19 AVC, 6 patients ayant présenté un infarctus, puis un AVC, et 23 décès de cause cardio-vasculaire, sans infarctus ni AVC dans les années qui avaient précédé. Après ajustement pour les facteurs de risque, les auteurs ont estimé que la réduction de la consommation en sel permet de réduire de 20 % le risque de pathologies cardio-vasculaires, mortelles ou non.
« British Medical Journal », édition en ligne.
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