L'INFECTION par Mycobacterium bovis a été pratiquement éliminée du Royaume-Uni pendant les années 1960, après l'introduction de la pasteurisation extensive (mais non universelle) du lait et de ses dérivés, et avec la surveillance des animaux abattus pour la consommation humaine.
Toutefois, dans le « Lancet », Jason Evans et coll. (Birmingham) rapportent un agrégat de six cas. Alors que cette infection touchait antérieurement les personnes âgées, qui avaient contracté la maladie avant les mesures d'éviction, il s'agit là de six jeunes adultes, âgés de 23 à 42 ans.
Dans les descriptions classiques, la transmission de M.bovis de personne à personne est considérée comme très rare.
Bars, night-clubs.
L'étude de ces six cas suggère pourtant qu'ils ont très probablement contracté la maladie de cette manière.
Seule une personne a une histoire d'exposition animale, avec la consommation de produits non pasteurisés. Les cinq autres, en revanche, n'ont pas eu de contact avec des bovins. Et tous ont une vie sociale avec des liens multiples, en particulier avec des habitudes de fréquentation de bars (deux sont employés dans un night-club).
Cinq de ces patients présentent une tuberculose pulmonaire. Le dernier est décédé d'une méningite à M.bovis. Dans le groupe, cinq des patients avaient été vaccinés par le BCG pendant l'enfance, y compris celui qui est mort de méningite.
L'étude a été déclenchée par l'identification de deux cas épidémiologiquement liés d'infection humaine par M.bovis au cours des activités de routine de surveillance et de dépistage.
A la suite de ces deux cas, tous les patients identifiés comme porteurs d'une infection par M.bovis dans les Midlands entre 2001 et 2005 (n = 20) ont eu un génotypage par ADN de leur souche de mycobactérie. Cela a révélé que les isolats sont identiques. C'est ainsi que l'on a conclu à l'existence d'un agrégat de cas. De plus amples investigations ont été réalisées. Les sujets ont rempli un questionnaire pour que l'on connaisse leurs caractéristiques démographiques, l'histoire de leur maladie et les voies de contamination possibles. On a cherché à savoir s'ils étaient porteurs de facteurs de prédisposition, comme un déficit immunitaire.
Facteurs prédisposants.
La procédure a révélé la présence de facteurs prédisposants chez quatre patients : infection par le VIH, diabète de type 1, alcoolisme et traitement par stéroïdes.
Si la voie d'acquisition de l'infection semble inhabituelle, il n'en reste pas moins que ce travail «souligne le fait que la tuberculose par M. bovis persiste et peut représenter une cause mal appréciée de morbidité et de mortalité».
La tuberculose bovine chez les humains était fréquente à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Grâce aux mesures de prévention, sa prévalence est actuellement inférieure à 1 % des cas de tuberculose dans la plupart des pays industrialisés. La prévalence est plus importante dans certaines régions mondiales, comme à San Diego, où elle atteint 7 % de la population (1994-2000).
Plus récemment, à New York, on a isolé M.bovis chez 35 patients tuberculeux.
Comme à San Diego, l'infection semble avoir été causée par la consommation de produits laitiers non pasteurisés. «Le rôle de la transmission interpersonnelle semble sujet à controverses», écrit un éditorialiste. La probabilité que la maladie emprunte cette voie est plus élevée dans certaines populations, comme les séropositifs pour le VIH.
Maintenant, ces liens épidémiologiques moléculaires et les indices donnés par les contacts interhumains font supposer que la transmission de personne à personne survient même chez les individus qui n'ont pas de troubles de l'immunité.
L'ensemble de ces informations peut avoir des implications importantes dans des régions comme l'Afrique subsaharienne, où l'infection par le VIH est de prévalence élevée, où la contamination du bétail par M.bovis est présente sous forme d'endozootie et où on ne pasteurise pas couramment les produits laitiers.
« The Lancet », vol. 369, 14 avril 2007, pp. 1270-1276, et commentaires pp. 1236-1237.
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