L'ÉTUDE publiée par les neuro-oncologues de langue française dans le « New England Journal of Medicine » a été arrêtée prématurément. La cause en était un meilleur taux de survie dans un groupe de patients par rapport à l'autre. Le travail de Florence Keime-Guibert (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris) et coll. était destiné à évaluer l'apport de la radiothérapie, associée à un traitement symptomatique, par rapport au traitement symptomatique seul, chez des sujets âgés atteints d'un glioblastome. Même si l'augmentation de la survie après irradiation a été modérée, elle a été jugée suffisante pour interrompre l'essai randomisé.
Le point de départ du travail s'est fondé sur l'incidence croissante du glioblastome dans la population âgée. Au cours de ces ultimes décennies de la vie, le pronostic de l'affection est connu pour être mauvais. De plus, la tolérance au traitement et l'efficacité thérapeutique sont réduites. Toutefois, comme les données précises manquent sur la prise en charge optimale de cette affection, les Français ont mis en place cette étude.
Ils ont recruté 85 patients dans 10 centres, répartis sur Paris, Marseille, Nancy, Lyon, Nice, Bordeaux, Caen, Angers et Reims. Ils devaient avoir au moins 70 ans ; être porteurs d'un astrocytome anaplasique ou d'un glioblastome de diagnostic récent ; avoir un score de plus de 70 sur l'échelle de Karnofsky (70 : incapacité à mener les activités de la vie quotidienne ; 100 : état normal).
Irradiation focale fractionnée.
Si l'objectif premier était la survie globale, en second lieu, les investigateurs se sont intéressés à la survie sans progression, à la tolérance de la radiothérapie, à la qualité de vie et à l'état cognitif des patients.
Après tirage au sort, et dans les quatre semaines qui ont suivi l'intervention, une partie des patients a reçu un traitement symptomatique seul (corticostéroïdes, anticonvulsivants, soins physiques et psychologiques), l'autre groupe a bénéficié, en plus, d'une radiothérapie. L'irradiation focale fractionnée a été réalisée à raison de 1,8 Gy par fraction, une fois par jour, cinq fois par semaine, jusqu'à une dose totale de 50 Gy.
L'analyse finale a porté sur 81 patients tous atteints d'un glioblastome. Au bout d'une durée médiane de vingt et une semaines, la survie médiane des 39 sujets irradiés était de 29,1 semaines, alors que, chez les 42 patients n'ayant eu qu'un traitement symptomatique, cette survie n'était que de 16,9 semaines. Le risque relatif de décès dans le groupe sous radiothérapie était de 0,47. Les auteurs constatent que la survie de 16,9 semaines sous traitement médical seul est du même ordre que celle rapportée depuis plus de vingt ans chez des patients plus jeunes recevant ce traitement. A l'inverse, le bénéfice de 12,2 semaines apporté par la radiothérapie est d'environ la moitié de celui constaté dans des populations plus jeunes (de vingt-deux à vingt-quatre semaines) recevant la même association thérapeutique.
L'irradiation totale de 50 Gy retenue l'a été afin de réduire les risques neurotoxiques liés à l'âge. Toutefois, la dose optimale dans cette tranche d'âge demeure incertaine. Nul ne peut préciser si une dose totale de 60 Gy majorerait la survie.
Les évaluations de la cognition.
Aucun effet indésirable sévère n'a été rapporté à la suite de la radiothérapie. Quant aux évaluations de qualité de vie ou de la cognition, elles n'ont pas varié significativement entre les deux groupes.
Au-delà de ces objectifs affichés, un constat important est fait tout à la fois par les auteurs et par Lilian L. Siu (Toronto) dans un éditorial : «En recherche oncologique, l'âge est une barrière qui peut être surmontée. Les sujets âgés sont sous-représentés dans les essais cliniques sur le traitement des cancers… alors qu'ils représentent près de 60% des patients concernés.»
« New England Journal of Medicine » vol. 356, n° 15, 12 avril 2007, pp. 1527-1535 et 1575-1576 (éditorial).
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