DE NOTRE CORRESPONDANTE
«L'ETUDE de Kostis et coll. montre qu'il existe une façon spécifique d'améliorer la prise en charge cardiologique dans les hôpitaux: offrir un meilleur traitement de l'infarctus du myocarde aigu durant les week-ends. C'est un éclaircissement pratique qui doit motiver des changements», commentent, dans un éditorial associé, les Drs Redelmeier et Bell, de l'université de Toronto (Canada).
La prise en charge de l'infarctus du myocarde aigu requiert des procédures diagnostiques et thérapeutiques urgentes, qui peuvent ne pas être disponibles uniformément au fil de la semaine. En effet, le personnel hospitalier est réduit pendant le week-end, non seulement en nombre, mais aussi en compétence. Ce qui pourrait avoir des répercussions néfastes pour les patients.
L'usage des procédures cardiaques invasives.
Kostis et coll. ont comparé la mortalité des patients admis à l'hôpital pour un premier infarctus aigu entre le week-end et durant un jour de semaine. Ils ont également comparé l'usage des procédures cardiaques invasives, leur délai, la longueur du séjour hospitalier et les caractéristiques des patients.
Leur étude porte sur tous les patients admis pour cette pathologie dans les hôpitaux du New Jersey, durant une période de seize ans, entre 1987 et 2002. Soit au total 231 164 patients, repartis en quatre groupes par périodes de 4 ans.
Ces patients ont été identifiés par la base de données MIDAS (Myocardial Infarction Data Acquisition System) qui inclut toutes les données d'hospitalisations concernant les procédures cardiaques invasives (cathétérisme cardiaque, intervention coronarienne percutanée ou pontage) et les maladies coexistantes. Le registre des décès du New Jersey a permis d'obtenir les données sur la mortalité extrahospitalière.
Les résultats de l'étude ne laissent aucun doute sur l'insuffisance des soins pendant le week-end. Alors qu'il n'existe aucune différence notable entre les patients admis le week-end et ceux admis un jour de semaine pour ce qui est des caractéristiques démographiques, des maladies coexistantes ou des sites d'infarctus, ceux qui sont hospitalisés le week-end ont moins de chance de subir une procédure cardiaque invasive, en particulier durant les deux premiers jours d'hospitalisation.
50 % de chances en moins de cathétérisme.
Durant les deux premiers jours, les patients hospitalisés le week-end ont environ 50 % de chances en moins de subir un cathétérisme cardiaque et 33 % de chances en moins de subir une intervention coronarienne percutanée. Cela peut expliquer l'excès de mortalité associé aux admissions en fin de semaine.
En effet, à l'examen de la dernière période de 1999 à 2002 (près de 60 000 admissions), la mortalité à 30 jours est significativement plus élevée pour les patients admis le week-end, avec un taux de 12,9 % comparé à 12 %.
Cette différence est significative dès le lendemain de l'admission (3,3 % comparé à 2,7 %) et persiste un an après (différence absolue de 1 % de mortalité). Comme le précisent les chercheurs, «cela représente 9 ou 10décès supplémentaires pour 1000admissions par an», soit «plusieurs milliers de décès chaque année aux Etats-Unis».
Tandis que l'excès de mortalité à 30 jours reste significatif après ajustement pour les caractéristiques démographiques des patients, leurs maladies coexistantes et le site d'infarctus, cet excès disparaît lorsqu'un ajustement supplémentaire est effectué pour les procédures cardiaques invasives. «Un meilleur accès aux soins pendant les week-ends pourrait améliorer le résultat», déclarent Kostis et coll.
Ils considèrent que «davantage de personnel hospitalier approprié durant le week-end, ou une régionalisation de la prise en charge de ces patients pourrait prévenir une partie de ces décès».
Enfin, les éditorialistes émettent deux recommandations à destination des patients : toute personne qui ne se sent pas bien durant la semaine ne devrait pas attendre le week-end pour consulter son médecin ; en cas d'urgence le week-end, mieux vaut se diriger vers un hôpital.
« New England Journal of Medicine », 15 mars 2007, pp. 1099 et 1164, Kostis et coll.
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