Fièvre de Marburg
A. Duse, chef du service des maladies infectieuses à Johannesburg, en Afrique du Sud, a analysé la prise en charge de l'épidémie de fièvre de Marburg qui a sévi en Angola en 2005. Cette épidémie, qui avait probablement débuté en octobre 2004, a fait 374 cas dont 329 décès jusqu'en juillet 2005. A. Duse a rappelé quelques éléments de la symptomatologie de la maladie. Elle commence par un tableau sévère de fièvres, frissons, céphalées et myalgie. Le patient a un aspect dit de fantôme, avec des yeux profondément enfoncés et un visage inexpressif. Le rash survient au 5e jour et le décès se produit dans un tableau de défaillance multiviscérale avec hémorragies. Sa transmission se fait par tous les liquides biologiques. Les survivants peuvent porter de façon prolongée le virus puisqu'il a été retrouvé dans le sperme et dans la chambre antérieure de l'oeil jusqu'aux alentours du 90e jour. La maîtrise de cette épidémie a été particulièrement délicate à cause de la résistance de la population devant les mesures préventives, notamment la modification de certaines pratiques funéraires, des difficultés à mettre en pratique des mesures barrière à l'hôpital, de l'intervention de multiples partenaires (ONG, OMS, armée angolaise, ministère de la Santé angolais).
ESB
D. Heim, de l'Office vétérinaire fédéral suisse, a retracé l'épidémie d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) pour montrer que, à partir du moment où une surveillance renforcée a été mise en place, le nombre de cas bovins a considérablement augmenté. Il reste donc des interrogations sur les pays n'ayant pas un tel système de surveillance. En ce qui concerne les cas humains, l'épidémie semble être en voie d'extinction, le nombre de cas au Royaume-Uni passant de vingt-huit en 2000 à cinq en 2006. Quatre de ces cas ont été acquis par transfusion sanguine.
Henipavirus
P. Daniels, du laboratoire de santé animale d'Australie, à Geelong, a rappelé l'épidémiologie et la symptomatologie des maladies dues aux virus Hendra et Nipah, virus regroupés dans un nouveau genre, le genre Henipavirus, dans la sous-famille des Paramyxovirus. Ces virus sévissent en Asie du Sud-Est et en Australie. Ils atteignent les chevaux, les porcs, les chats et sont à l'origine chez l'homme d'une maladie respiratoire et/ou neurologique à haut taux de létalité. Leur transmission se fait par voie parentérale ou oro-nasale. Ces virus ont un tropisme pour les cellules endothéliales artérielles. Leur réservoir est constitué par les chauves-souris. Les virus se lient aux cellules par une protéine appelée G et la fusion à la cellule se fait par la protéine F. Le récepteur cellulaire est l'éphrine B2, molécule présente dans les cellules endothéliales artérielles, les neurones, les muscles lisses. L'immunisation de chats contre la protéine G a permis d'obtenir de hauts titres d'anticorps et les chats immunisés ont survécu à l'infection expérimentale. Une possibilité de vaccination serait ainsi ouverte.
Puumala
Parmi les posters nordiques, les Finlandais ont rappelé le problème posé par les infections à virus Puumala, Hantavirus à l'origine d'une forme peu sévère de fièvre hémorragique avec syndrome rénal et transmis par l'urine des rongeurs. La maladie est maintenant à déclaration obligatoire en Finlande. Pendant la période 1995-2005, 16 047 cas ont été rapportés, soit un taux d'incidence annuel moyen de 28 cas pour 100 000 habitants ; le taux de létalité est faible, de l'ordre de 0,1 %. En Suède, les infections cutanées sévères dues à des vibrios semblent en augmentation. Les auteurs évoquent la responsabilité du réchauffement climatique car le nombre de cas est passé de un en 2004, année froide, à onze en 2005-2006, années plus chaudes. L'infection survient chez des sujets en général de plus de 60 ans, ayant une plaie cutanée et à la suite d'un bain en mer Baltique. Un lien avec le climat a été évoqué car la croissance des vibrios est optimale au-dessus de 20 °C. Une analyse de la mortalité sur la période 1994-2004 en Finlande, Suède, Norvège et au Danemark a montré, sans explication, une surmortalité au cours de la dernière semaine de l'année et de la première semaine de l'année.
Surveillance
Au cours d'une session consacrée à la surveillance, A. Mawedeku, de l'agence de santé publique du Canada, à Ottawa, a décrit le Gphin (Global Public Health Intelligence Network). Ce système multilingue consiste à analyser les articles de journaux afin d'identifier les menaces sanitaires. Il comporte une partie d'analyse automatisée qui permet de fournir un score. Les informations ayant un score suffisamment élevé font l'objet d'une analyse par un humain avant d'être retenues ou rejetées. Le Gphin aurait permis d'identifier le sras très précocement. M. Pollack, de ProMED-mail, à New-York, a parlé de ce système qui reçoit par mail et diffuse, après validation, des informations relatives aux maladies émergentes.
Toujours dans le domaine de la surveillance et surtout des procédés susceptibles d'accroître sa réactivité, P. M. Polgreen de l'université d'Iowa, à Iowa City, a rapporté une méthode particulièrement originale. Constatant que les marchés financiers anticipent souvent les résultats des entreprises, il a été proposé à 6 241 travailleurs de santé des contrats anticipant l'épidémie saisonnière de grippe. Les participants pouvaient « acheter » le niveau de l'épidémie semaine par semaine. Les données se superposent de façon troublante aux données réelles des CDC.
Polio
D. L. Heyman, de l'OMS, à Genève, a exposé l'état d'avancement du programme d'éradication de la poliomyélite. Les conditions sont réunies pour envisager cette éradication car il n'existe pas de réservoir pour ce virus. Il y a un vaccin oral d'utilisation simple. La faisabilité a été montrée par l'élimination de la polio dans les pays du Nord. Plusieurs stratégies sont utilisées : la vaccination dans le cadre du programme élargi de vaccination, mais le taux de couverture étant de l'ordre de 50 à 70 %, des campagnes nationales doivent être mises en route. La surveillance des paralysies flasques aiguës permet d'identifier les lieux de circulation du virus. Grâce à ces stratégies, le nombre de cas est passé de 350 000 en 1988 à 784 en 2003 et le nombre de pays rapportant des cas est passé de 125 à 6 (Nigéria, Burkina, Afghanistan, Égypte, Pakistan, Inde).
A partir de 2003, l'épidémie a été en recrudescence. Plusieurs facteurs l'expliquent. Au Nigeria, les autorités religieuses musulmanes ont craint que le vaccin soit destiné à rendre stériles les filles, ce qui a été à l'origine d'une baisse de la couverture vaccinale et d'une exportation de cas dans des pays indemnes. En Inde, la circulation du virus est intense et des cas ont été exportés à partir de ce pays. L'efficacité du vaccin est insuffisante à cause d'une compétition entre les trois sérotypes du vaccin. On a donc mis au point des vaccins monovalents contre le sérotype 1 et le sérotype 3. Un renforcement des campagnes de vaccinations a été mis en place. En Afghanistan et au Pakistan, le problème est lié aux zones frontalières, qui sont instables. Une coopération entre les deux pays a permis une meilleure couverture dans ces zones. Actuellement, 24 pays rapportent des cas.
Grippe aviaire
Enfin, pas de maladies émergentes sans grippe aviaire. I. Capua, du laboratoire de référence de Pavie en Italie, a donné le point de vue des vétérinaires sur cette maladie. Elle a tout d'abord rappelé que le mot oiseau fait référence à un grand nombre d'espèces et non à un seul animal et qu'il y a autant de distance génétique entre la poule et le canard qu'entre la vache et le chat. Pour les vétérinaires, il s'agit d'une « panzootie » sans précédent par son importance, par le nombre de pays atteints, par l'implication de la faune aquatique, la transmission aux oiseaux sauvages, par l'existence de deux réservoirs, l'un chez les oiseaux d'élevage, l'autre chez les oiseaux sauvages. Le rôle de ces derniers, réservoirs ou victimes de la maladie, n'est pas encore clairement établi.
International Meeting on Emerging Diseases and Surveillance, Vienne, Autriche.
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