La rosacée, un mal-être au milieu de la figure

Une prise en charge précoce et soutenue enraye l'évolution

Publié le 07/03/2007
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LA ROSACÉE est une dermatose du visage dont l'incidence peut avoisiner les 10 % selon les séries. Elle touche la femme de 30-40 ans et évolue ensuite sur de nombreuses années. «Elle affecte particulièrement les personnes à peau claire, aux yeux bleus et aux cheveux clairs, souligne le Pr Jean-Luc Schmutz . Le soleil est un facteur favorisant important et souvent révélateur de la maladie.» Cette dermatose s'invite doucement, mais inconstamment, avec ses « warnings », les bouffées vasomotrices. Ces érythèmes paroxystiques ou flushs touchent tout le visage et le cou, s'accompagnent d'une sensation de chaleur sans signes systémiques. Ils surviennent surtout en période postprandiale, après une exposition solaire, une variation importante de la température, l'absorption d'aliments chauds ou épicés, de café, de boissons alcooliques, ou lors de périodes d'anxiété ou de stress.

Electrocoagulation ou lasers vasculaires.

«Mais c'est surtout au stade érythémateux –couperosique– que les femmes consultent.» Elles se plaignent d'un érythème facial permanent plus ou moins parsemé de télangiectasies veinulaires des pommettes et du nez. Le menton et le front sont plus rarement touchés. Ces signes s'accompagnent d'inconforts de type picotements, fourmillements, et d'une gêne esthétique notable. «La connotation populaire reliant un visage rouge à une prise d'alcool chronique ne fait que renforcer leur mal-être, alors que, dans la majorité des cas, ces patients ne “boivent pas”.»

«L'évolution de la maladie peut être enrayée à ce stade. » On insiste sur l'éviction des facteurs déclenchants rapportés ci-dessus, en particulier le soleil, et sur une hygiène simple de la peau (toilette à l'eau tiède, application d'un émollient fluide, éviction des topiques gras et d'un fond de teint occlusif). Mais le traitement le plus important est la destruction des télangiectasies par électrocoagulation ou lasers vasculaires, dont le laser à colorant pulsé. «Ce traitement physique, non pris en charge par la Sécurité sociale, est très efficace et sera au besoin répété. C'est le seul moyen d'agir sur la composante vasculaire de la maladie, insiste ce dermatologue, car l'érythème et la couperose ne répondent pas aux traitements médicaux.» Ces derniers sont réservés à l'étape suivante la plus caractéristique de la maladie, la rosacée papulo-pustuleuse.

Papules inflammatoires.

Sur un fond couperosique apparaissent des papules inflammatoires associées à une impression de peau sensible et à une intolérance à la plupart des topiques et des cosmétiques gras. L'évolution est chronique et se fait par poussées de plusieurs semaines. «Elles sont contrôlées par une application quotidienne de métronidazole associée à une antibiothérapie générale (doxycycline 100mg/j). » Au troisième mois, les cyclines sont interrompues, mais le traitement local est maintenu pour éviter les récidives. Comme dans toute maladie chronique, une bonne observance est la clé du succès. Néanmoins, cette phase tardive touchant principalement les hommes, l'évolution vers un rhinophyma, dernier stade de la maladie, ne doit pas être redoutée.

Examen de l'oeil et traque aux dermocorticoïdes

Cette maladie ne touche pas que la peau, il est donc important de dépister des signes oculaires associés. Le bilan ophtalmologique est essentiellement demandé devant des signes d'appel clinique (larmoiement, sensation de brûlure, inflammation palpébrale, blépharoconjonctivite, orgelet).

La recherche d'une application chronique de dermocorticoïdes est une requête également indispensable, ces topiques exacerbant la rosacée sous-jacente. Le sevrage indispensable est difficile car il s'accompagne d'un rebond de la dermatose. Il faut tenir bon et prescrire le même traitement local et général que celui des rosacées papulo-pustuleuses.

> Dr MARIE-LAURE DIÉGO-BOISSONNET

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8121